Seuls le président sortant, Kaïs Saïed, Ayachi Zammel, ancien député et chef d’un petit parti peu connu, et Zouhair Maghzaoui, autre ex-député et leader du Mouvement du peuple, participeront au premier tour prévu le 6 octobre.
L’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a pris, lundi 2 septembre, la décision de verrouiller définitivement la course à la présidentielle tunisienne, passant outre les récentes décisions de réintégration de certains candidats prises par le tribunal administratif de Tunis.
Finalement, seuls trois candidats, dont le président, Kaïs Saïed, participeront à cette élection qui ne devrait pas réserver de grandes surprises et dont le premier tour est prévu le 6 octobre. Les deux autres sont Ayachi Zammel, ex-député et chef d’un petit parti peu connu, placé en garde à vue, lundi matin, pour une affaire de falsification de parrainages, et Zouhair Maghzaoui, autre ancien député et leader du Mouvement du peuple, un parti qui a soutenu le coup de force de M. Saïed lorsqu’il s’est arrogé les pleins pouvoirs, le 25 juillet 2021.
« Il n’y a pas de recours possible », a déclaré, lundi, Farouk Bouasker, le président de l’ISIE, mettant fin à l’espoir suscité au sein de l’opposition par les jugements du tribunal administratif de Tunis, qui avait réintégré trois candidats dans la course. Pour justifier sa décision, M. Bouasker a souligné que seule l’ISIE était constitutionnellement compétente pour organiser le processus électoral. Il a également affirmé que le tribunal administratif n’avait pas transmis ses décisions à l’ISIE dans les délais impartis.
Il a aussi évoqué les affaires judiciaires en cours contre les candidats exclus pour justifier sa position, alors qu’aucun jugement définitif n’a été prononcé. Au même moment, des dizaines de personnes ont manifesté devant le siège de l’ISIE, à l’appel de plusieurs partis politiques et organisations de la société civile, pour pousser l’instance électorale à respecter les décisions du tribunal.
Sur 17 dossiers de candidature déposés à la Commission électorale a annoncé, seuls 3 candidatures ont été validées. Il s’agit du Président Kais Saied, du Secrétaire général du Mouvement populaire Zuhair Maghzawi et Ayachi Zemmal. Par la suite, la justice est intervenue dans le processus électoral en réintégrant trois autres candidats à la course à la Présidentielle. Sauf que l’instance en charge de l’organisation des élections vient de rejeter ces trois candidatures.
Dans un contexte de tension, l’opposition tunisienne accuse le Président Kais Saied, d’instrumentaliser le pouvoir judiciaire pour poursuivre ses opposants politiques et concurrents potentiels à l’élection présidentielle. Pour sa part, le chef de l’État de ce pays d’Afrique du Nord persiste que le système judiciaire de la Tunisie est indépendant.
La loi électorale tunisienne a fixé des règles très strictes aux candidats souhaitant se présenter à la Présidentielle. Ils doivent recueillir 10 parrainages des membres de la Chambre des représentants du peuple, ou autant de signatures de membres du Conseil des régions et des districts, ou 40 parrainages des chefs de conseils locaux, régionaux ou municipaux, ou alors 10 000 parrainages de citoyens dans 10 circonscriptions électorales différentes. La précision de taille est que le nombre de parrains ne doit pas être inférieur à 500 dans chaque circonscription.
Autre prescription majeure est que le même citoyen ne peut pas parrainer plus d’un seul candidat. Alors que l’opposition l’accuse d’instrumentaliser le pouvoir judiciaire pour poursuivre ses opposants politiques et concurrents potentiels à l’élection présidentielle, le Président tunisien, Kais Saied, insiste que le système judiciaire de son pays est indépendant. Un avis qui ne fait toutefois pas l’unanimité.
Le Président Kaïs Saïedi règne sans partage en Tunisie depuis son coup de force du 25 juillet 2021. Élu démocratiquement en octobre 2019, Kaïs Saïed s’est octroyé tous les pouvoirs.
La décision prise en juillet 2021, par le Président Kaïs Saïed, de dissoudre le Parlement et de s’arroger de larges pouvoir a suscité de vives critiques de la part de ses opposants et de la communauté internationale. Décision qui marque un tournant dans la transition démocratique tunisienne et soulève des interrogations sur l’avenir du pays.
Récemment, il a annoncé briguer un deuxième mandat lors de la Présidentielle du 6 octobre. Auparavant, il avait révisé la Constitution, en 2022, pour instaurer un régime hyper-présidentialiste. Le dirigeant tunisien a en outre pris le soin de faire élire un nouveau Parlement dont les pouvoirs sont très limités.
Ce qui a davantage fragilisé la démocratie dans ce pays d’Afrique du Nord. Aujourd’hui, les libertés publiques sont restreintes et le processus de transition démocratique semble compromis.
Après avoir emprisonné des dizaines d’opposants et de militants de premier plan, les autorités tunisiennes ont écarté presque tous les concurrents sérieux de la course à la Présidentielle, faisant du vote une simple formalité . Une crainte qui est corroborée par des faits assez troublants.
Par Guylain Gustave Moke