Les institutions Congolaises n’ont tenu jusqu’à maintenant que par un espoir. Ces institutions, fragiles en elles-mêmes malgré la réputation de solidité qu’elles s’accordent à elles-mêmes, s’affermissent par le renfort continu du plus formidable appareil législatif jamais connu – loi sur loi, règlements à tire-larigot –, même dans les démocraties comparables et malgré le coût faramineux que représente en la RDC la puissance publique et parapublique.
Pour l’opinion publique, façonnée depuis plus d’un siècle par l’idéologie au pouvoir, la république est même plus que l’ordre légal : c’est un donné révélé issu des grands principes de l’independence, formulé en dogmes intangibles qu’il n’est pas question de contester. L’esprit critique peut s’exercer en tout domaine sauf sur la question des fondements politiques et de la forme du gouvernement qui ne sauraient être remis en cause, même quand, à l’évidence, la réalité montre à la fois le mensonge et la malfaisance du mythe démocratique.
La Conception politique Congolaise
La vie politique Congolaise est ainsi conçue comme la forme la plus achevée de la démocratie, instituée à cet effet et sans cesse perfectionnée pour le bonheur du peuple. L’idée simple qui habite ceux qui s’adonnent à la politique, c’est que si c’est eux qui prennent le pouvoir légalement, tout ira mieux (Ainsi furent les vaines promesses de l’UDPS) ; le problème sera résolu ; il n’y a pas de question d’institutions ; il n’y a pas de mécanismes politiques qui pourraient entraver leur volonté de bien faire. Quelle conception, qui utilise tous les subterfuges de la liberté pour progresser vers la société de la coercition sociale, de ”soft dictature’‘ !
La RDC ne fonctionne que parce qu’elle vit du pays et des Congolais. Il y a encore jusqu’à ces derniers temps suffisamment de citoyens bien éduqués et bien formés, qualifiés et honnêtes dans leur travail, de haut en bas de la société, dans l’administration et dans la société civile, au niveau de l’État comme dans les entreprises, pour que le pays marche ou, du moins, puisse marcher?
Le sommet de l’État est la proie des partis, les administrations territoriales pareillement, mais ces péripéties électoralistes sont inscrites dans le cours des choses ; et les Congolais depuis maintenant si longtemps se sont habitués à cette fausse et désastreuse normalité qui, chez eux, représente bien plus qu’une simple alternance à la mode: Opposition-Pouvoir/Pouvoir-Opposition.
Cependant, faute de principe supérieur de cohérence sociale, la RDC se délite peu à peu ; Les principes juridiques de l’individualisme constitutif de la nouvelle société sont brandis pour battre en brèche systématiquement l’ordre traditionnel. L’immoralité est la règle suprême de la vie politique selon le principe : « D’abord on gagne, ensuite on voit. » Toutefois le tissu social est déjà abîmé; Le ”kindoki social” gagne les esprits !
”Descente en Enfer”
Un Mobutu, tout dictateur qu’il fût, pouvait redresser la barre dans les moments difficiles, par exemple lors du choc économique (Un makuta=Un dollar), et lancer avec toute l’ampleur nécessaire l’unité nationale. Il était intelligent, il était informé. Des gens compétents le renseignaient. Malgré son mensonge perpétuel, il savait qu’il était le chef de l’État d’un pays qui s’appelait le Zaïre. Il fit le nécessaire avec sa roublardise coutumière. Il avait à sa disposition les hommes et les institutions qu’il fallait pour une telle entreprise.
Sur le plan extérieur, en 1970-1980, il réussissait l’image d’un ”homme fort”. L’État était encore capable et le Zaïre aussi. Il commit l’erreur d’accrocher le Zaïre au plan Chirac en apportant soutien aux Rwandais fuyant le génocide au Rwanda 1994 : ” Opération Turquoise’‘; Toutefois il avait encore, au milieu de ses turpitudes, le sens de l’honneur Congolais/Zaïrois.
Avec Laurent Désiré Kabila, il y eut des hauts et des bas. L’homme était prisonnier de sa démagogie. Donc il déclara la guerre populaire au Rwanda, ça faisait bien. Il jeta la RDC dans la coalition internationale contre le néolibéralisme mais se refusa à suivre les principes démocratiques. Quand il se déplaçait à l’étranger, il préparait ses dossiers et seuls lui importaient les intérêts des siens. Il s’était converti au panafricanisme en pensant que la RDC y avait son intérêt et aussi par anti-Américanisme primaire. Il était superficiel, mais il était Congolais, même s’il n’avait pas le goût Congolais.
Joseph Kabila n’était pas fait pour être chef de l’État. Il n’y est parvenu que par un choix indécis des généraux dans une configuration scandaleuse, en faisant croire qu’il allait remettre de l’ordre alors que tout s’effondrait. Comme toujours, l’ordre à coups de lois. Aucune philosophie politique, aucune sagesse, une tromperie continue et d’abord sur ses origines Tanzaniennes et son identité mystérieuse. Malgré tout en 2018, il laçhât la RDC, en se retirant de la présidentielle, par pressions américaines. Le règne de Joseph Kabila est en réalité une faute de l’histoire politique congolais : Il n’a jamais été un Congolais et ne sera toujours pas comme un Congolais !
Tshisekedi n’aurait jamais dû être président. Ce bourgeois médiocre, égoïste, faiseur de bons mots, n’a aucune idée juste de la politique. C’est un homme de ”jouissance” et rien d’autre. Aucun comportement extérieur de chef de l’État. Dès le début, il fut fait prisonnier par Joseph Kabila, qui exigea le partage du pouvoir, par alliance politique. L’avis de peuple le détermina à intervenir contre les M23, mais c’est sans politique suivie ; il en est totalement incapable.
L’homme est seul ; ses conseillers lui ressemblent ; même psychologie ; même incompétence froide que dissimule une fausse compétence scolaire, livresque et idéologique. Des idées de quatre fois rien comme ligne directrice. Et surtout aucun intérêt pour la RDC.
Il n’y a plus personne au niveau de l’État pour penser à la RDC et à son avenir. Tshisekedi est prêt à livrer les intérêts Congolais – ce qu’il a déjà fait – au Qatar, Russie, Etats Unis et la France, en tout domaine pour poursuivre son rêve de construire une fortune familiale. Il court le monde pour se donner l’illusion d’exister. Car il ne peut plus rien, sauf brader ce qui reste de la RDC.
La RDC va mal, très mal. C’est une banalité de le dire. La société Congolaise est définitivement fracturée. Le pire est à nos portes, demain chez nous. Les risques économiques, financiers, politiques avec l’intensité guerrière qui ne cesse de monter, deviennent considérables. Y aurait-il des décisions à prendre, nul ne sait comment elles seraient prises.
Tshisekedi est nul. Il place ses affidés au point que c’en est honteux. Mais ses stipendiés sont nuls ; il n’a plus personne en état de l’aider. C’est la fin d’un système. C’est peut-être aussi la fin d’une République qui aura épuisé la RDC. Puisse la RDC y survivre et les Congolais comprendre la leçon d’un tel désastre.
Par Guylain Gustave Moke
Analyste Politique et Géopolitique