
Quelques promesses patriotiques prononcées devant des habitants de »Mbandaka » et aux militaires ne sont que de circonstance. La politique ou la »sans politique » de Tshisekedi a toujours la même caractéristique : la trahison.
Les propos sur le chef de l’État sont de moins en moins voilés dans la haute fonction publique, même s’ils ne sont encore que murmurés ; ils s’affirment avec moins de sous-entendus et plus de logique démonstrative dans les relations bilatérales et les milieux politiques qui ont gardé quelque indépendance d’esprit ; ils se donnent libre-cours maintenant dans les conversations populaires et, en particulier, dans les familles Congolaises qui conservent le sens de la patrie et de l’honneur ; ils circulent enfin de plus en plus vivement et violemment sur les réseaux sociaux.
Et tous ces propos reviennent à dire de manière de plus en plus claire et de plus en plus insistante : Tshisekedi a trahi le Congo et il le fait sans aucune honte, avec l’assurance, le mépris et le sans-gêne de l’homme qu’une longue habitude renforce dans ses façons de penser et d’agir.
Cette trahison effective et permanente qui s’érige en principe en toute occasion en raison des circonstances pour les motifs les plus relevés du Bien futur – « Je ferai du Congo, un Allemagne en Afrique; Chaque militaire doit avoir sa propre voiture et maison; Je bâtirai des universités ici et là, etc..», répète-t-il à satiété –, est l’explication congruente de ses comportements bizarres que même les siens n’arrivent pas à franchement justifier : sa vie tant personnelle que publique n’est qu’une suite d’agissements en sous-main, d’accords dissimulés, de subtiles tractations qui bravent tous les interdits en cachant la réalité des contreparties psychologiques, financières, électorales, partisanes, politiciennes.
Pourquoi a-il invité la branche politique de M23 á Kinshasa négocier pendant des mois pour rien aboutir? Pourquoi a-t-il adhéré la RDC á SADC ? C’est quoi justement sa stratégie politique et militaire contre les M23, si ce n’est pas l’état de siège ? Il a beau courir le monde, rien ne le fait changer. Partout il poursuit son rêve proprement Tshisekedien et partout il se heurte aux intérêts divergents qu’il fait semblant de ne pas voir, sauf à tricher. Mais cette tricherie dans la trahison apparaît de plus en plus ouvertement. Elle se détache sur le fond de son action politique et donne un sens malsain à sa fébrilité et à l’incohérence de son « quinquennat ».
Voilà une vérité qui ressort de plus en plus nettement des nombreux dossiers qui tombent sous les feux de l’actualité économique, politique et judiciaire: La question de la guerre á l’est (avec les M23) où il est directement impliqué par ses décisions, en dépit de ses dénégations. La valse des nominations de son clan » Luba » dans la fonction publique relève du même esprit de destruction, comme toutes les décisions dans tous les domaines. Vieille pratique de » tribalisme ». !
La réalité est là. Ce ne sont là que des exemples, troublants en eux-mêmes. Et tout reste que Tshisekedi négocie à longueur de journée. Partout où il passe, il vend la RDC, sans jamais défendre les intérêts Congolais. Après s’être fait jouer et ridiculiser par le Kenya, l’Afrique du Sud et Kagamé, il n’en continue pas moins à poursuivre les mêmes chimères, trop heureux de voyager en visite d’État. Pour rien !
La vérité sur cette trahison de principe et de fait, éclate maintenant à tous les niveaux et dans tous les domaines. Il s’agit d’une destruction systématique, accompagnée d’un insupportable mépris, de tout ce qui constitue la RDC: ses institutions, ses corps d’État et de métiers, ses professions, ses traditions, sa mémoire, ses finances et ses économies.
Oui, Tshisekedi trahit la RDC. D’abord parce qu’il ne la comprend pas. Il ne l’aime pas. Il n’aime que lui-même ; il considère sa carrière comme l’unique raison de son existence, à laquelle les autres doivent se plier. C’est malheureusement devenu la logique de nos institutions. Car nos institutions sont malades de ce carriérisme présidentiel.
La vérité est tragique. Celui qui est en charge de représenter la RDC et de défendre les intérêts Congolais, ne pense qu’à sacrifier la RDC et à brader ce qui reste de la richesse nationale. Intention délibérée pour répondre à l’idée qu’il se fait de sa destinée, en vue de son objectif qui dépasse tous les clivages, et d’abord le clivage national ! Un naufrage civilisationnel; Tshisekedi mène la RDC dans un gouffre.!
En RDC, la légitimité politique n’est plus liée qu’à la prise de pouvoir effective, à la réussite forcenée d’une entreprise personnelle, menée avec des équipes, confirmée électoralement en usant de tous les stratagèmes que permettent les procédés démocratiques. Le droit est ainsi au service de l’ambition victorieuse.
Ainsi la politique de Tshisekedi consiste systématiquement à privilégier l’étranger. C’est une règle chez lui. Elle suppose, en effet, une conception globale, apprise de ses maîtres de la génération précédente qui cultivaient l’utopie déconstructiviste et reconstructiviste des années 80 et 90, mais qu’il a faite totalement sienne, selon laquelle la RDC n’est tout au plus qu’une carte à jouer dont la valeur ne tient qu’à son essence africaine – carte dont il est, lui, le détenteur – au profit d’un ordre supranational qui est le critère ultime des décisions effectives.
Tshisekedi s’est cru légitime parce qu’il a su évincer les autres (Fayulu et katumbi). Il s’en est fait un mérite. Il a joué sur le fait que les Congolais en avaient assez des fausses légitimités partisanes. Cependant, la RDC reste dans le même schéma. Toute la question est de savoir si pareille légitimité va tenir dans le revirement de situation.
Les responsables économiques et financiers ne croient plus aux chiffres officiels. Personne ne sait ce que sera la situation de la RDC dans trois ans. Et il n’y a pas de recours institutionnel. Aucun ! Joseph Kasavubu, Patrice Lumumba, Mobutu et Laurent Désiré Kabila, les vénérables pontifes du patriotisme traditionnel, s’agitent dans leurs tombes.
Tshisekedi se croit » présidentiable » ; il ne l’est plus. Le peuple n’y croit plus. Dans sa bêtise, Tshisekedi pense qu’il y a une lueur d’espoir et cohérence dans ses discours des promesses »piètres ». Il pointe le doigt son prédécesseur de la destruction des soubassements de la vie sociale:
Comment expliquer un quinquennat sans réformes sociales, ni un projet minimaliste de société ? Comment construire quand les coffres de l’état sont vidés par lui-même et ses siens? L’insécurité, la pauvreté, la justice, aucun problème n’est résolu ni ne peut être résolu à coups de discours. Les citoyens n’y comprennent plus rien. Tshisekedi n’a plus de légitimité à leurs yeux.
Alors, il sauve la face en courant le monde et en faisant l’important sur la scène internationale. Il s’imagine y puiser un renouveau de légitimité. Mais la guerre est devant lui. Il présente une stratégie diplomatique á court terme et se limite là. Il déclare l’état de siège et n’en sait plus quoi faire après ; Il nomme de nouveaux responsables militaires, un budget de guerre, censé compenser les insuffisances de nos armées, accumulées pendant des années d’insouciance criminelle, et il se fait rare.
La vérité est que c’est tard. Trop tard ! Et il faudrait des années de politique suivie pour reconstituer l’indispensable sécurité du pays. Le voilà pressé de tous côtés. Cette incapacité de saisir les véritables enjeux risque de le pousser à commettre une erreur d’appréciation.
La question est de savoir si elle sera fatale. Fatale à la RDC, malheureusement. Fatale, en tous cas, à sa légitimité. Que faudra-t-il pour que la RDC change enfin de paradigme politique ? Tout est affaire de légitimité.
Par Guylain Gustave Moke
Analyste Géopolitique