
French President Emmanuel Macron, right, delivers his speech during the international CEDRE conference in Paris Friday, April 6, 2018.International donors are set to give the green light to a $10-billion investment plan for Lebanon at the conference in Paris, hoping to stave off an economic crisis. Lebanon's economic growth has plummeted due to repeated political crises, compounded by the Syrian war which has sent a million refugees across the border -- equivalent to a quarter of the Lebanese population before the conflict. (Ludovic Marin / pool photo via AP)
Emmanuel Macron a estimé lundi que l'Afrique ne devait plus être un “pré carré”, annonçant une prochaine “diminution visible” des effectifs militaires français sur le continent et plaidant pour une relation “équilibrée” basée sur des “investissements” plus que sur des aides.
Sur le plan militaire, “la transformation débutera dans les prochains mois avec une diminution visible de nos effectifs et une montée en puissance dans ces bases de nos partenaires africains”, a déclaré le chef de l'Etat français, dans un discours prononcé à la veille d'une tournée africaine.
Il a promis que cette évolution serait accompagnée d'“un effort accru de la France en matière de formation et d'équipement”. L'Afrique ne doit pas être un “pré carré” ou un terrain de “compétition”, a insisté M. Macron, rejetant des “grilles de lecture du passé”.

Il a demandé de passer d'une “logique” d'aide à celle d'investissement, plaidant pour “une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable” avec les pays du continent africain.
Le président français a dit faire preuve “d'une profonde humilité face à ce qui se joue sur le continent africain”, “une situation sans précédent dans l'histoire” avec “une somme de défis vertigineux”.
“Du défi sécuritaire climatique au défi démographique avec la jeunesse qui arrive et à laquelle il faut proposer un avenir pour chacun des États africains”, a-t-il énuméré, appelant à “consolider des États et des administrations, investir massivement dans l'éducation, la santé, l'emploi, la formation, la transition énergétique”.
Emmanuel Macron a aussi annoncé “une loi cadre” pour “procéder à de nouvelles restitutions” d'œuvres d'art “au profit des pays africains qui le demandent”.
Cette loi “sera proposée dans les prochaines semaines par la ministre de la Culture à notre Parlement” et “permettra de fixer la méthodologie et les critères pour procéder” à ces restitutions, “reposant sur un partenariat culturel et scientifique pour accueillir et conserver ces œuvres”, a-t-il poursuivi.
Il a indiqué souhaiter “que cette démarche puisse s'inscrire dans une dynamique plus large et également une dynamique européenne”.
Le discours de lundi fait écho à celui de Ouagadougou, en 2017, dans lequel Emmanuel Macron avait marqué sa volonté de tourner la page avec la politique africaine post-coloniale de Paris, la “Françafrique”, empreinte de collusions politiques et de liens sulfureux, et tendu la main à une jeunesse africaine de plus en plus méfiante vis-à-vis de la France.
Le président, se présentant comme le dirigeant d'une nouvelle génération, avait alors dénoncé devant 800 étudiants les “crimes incontestables” de la colonisation et appelé à une “relation nouvelle” avec l'Afrique, un pacte qu'il entend élargir à l'Europe.
Cette nouvelle approche, plus en retrait, est confirmée par la secrétaire d'Etat chargée du Développement, Chrysoula Zacharopoulou, qui accompagnera le président français dans sa tournée.
“Aujourd'hui, les pays africains choisissent leurs partenaires librement et souverainement, et c'est tant mieux”, souligne-t-elle. Elle estime en outre que le sentiment anti-français en Afrique francophone pousse Paris à faire évoluer sa “posture vers plus d'écoute et d'humilité”.
En juillet, Emmanuel Macron avait déjà effectué une tournée au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. Il entend poursuivre ses visites sur le continent “quasiment tous les six mois, voire davantage”.
Au Burkina, la junte a dénoncé les accords de défense entre Paris et Ouagadougou et les forces spéciales françaises, environ 400 soldats, qui y étaient stationnées se sont retirées du pays la semaine dernière.
La France déploie encore quelque 3.000 militaires dans la région, notamment au Niger et au Tchad, après y avoir compté jusqu'à 5.500 hommes, mais elle entend ré-articuler son dispositif vers des pays du golfe de Guinée gagnés par la poussée jihadiste et être moins visible sur le terrain.
Dans cette région, et sur l'ensemble du continent, l'influence de la France et des occidentaux est contestée par la Chine ou la Russie. Ainsi, trois des quatre pays que visitera le président français – Gabon, Congo et Angola – se sont abstenus jeudi dernier lors du vote d'une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU exigeant le retrait russe d'Ukraine.
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