
Le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson à Londres,
De 1991 à 2003, l'économie japonaise a payé très cher l'éclatement de la bulle spéculative qui s'était formée dans les années 1980.
Elle a subi une croissance annuelle particulièrement faible (1,14% en moyenne) et une déflation monétaire, puis une crise bancaire en 1997, lesquelles ont plombé la consommation, les investissements et conduit à la faillite de nombreuses entreprises et institutions financières, qualifiées de «zombies».
Les mêmes problèmes –mais en pire– menacent désormais le Royaume-Uni, où la croissance moyenne annuelle entre 2016 et 2025 ne devrait pas dépasser 0,8%.

Londres cumule en effet ce syndrome japonais avec des difficultés économiques supplémentaires: inflation galopante, services publics au bord de l'effondrement (ce n'est pas chez nous qu'on verrait ça) et manque persistant de main-d'œuvre sur le marché du travail.
-800 milliards-
Les racines du mal sont anciennes. La dernière période de forte croissance remonte aux années 1990, sous le gouvernement de Tony Blair. Mais celle-ci a nourri la bulle spéculative qui a éclaté en 2008, avec la faillite de la banque Northern Rock et le coûteux sauvetage d'autres institutions financières.
Cela s'est combiné avec la faible productivité et les coupes budgétaires des gouvernements conservateurs, puis avec les conséquences du Brexit et de la pandémie de Covid-19.
Un chiffre vaut mieux qu'un long discours: la différence de croissance moyenne annuelle dans les années 1990 (2,7%) et à présent (0,8%) représente une perte annuelle de 300 milliards de livres (340 milliards d'euros) en impôts et de 800 milliards de livres (907 milliards d'euros) en PIB pour les Britanniques.
Parmi les pays membres du G7, le Royaume-Uni est le seul dont l'économie est demeurée plus petite (par défaut de croissance) qu'avant la pandémie, et apparaît aussi comme le pays au sujet duquel les prévisions économiques du FMI se sont le plus dégradées.
Londres est désormais reléguée derrière Paris (cocorico) pour ce qui concerne le volume des investissements étrangers en Europe.
Redresser l'économie britannique reste possible bien que délicat, mais cela nécessitera d'autres mesures que les perpétuelles coupes budgétaires auxquelles apparaissent accros les Conservateurs au pouvoir.
AFP