Les relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) sont au bord de l’implosion. Le président rwandais, Paul Kagame, connu pour son franc-parler, n’a pas mâché ses mots dans une récente interview accordée à France 24.
La tension entre Kigali et Kinshasa, exacerbée par les conflits persistants à l’Est de la RDC, trouve une nouvelle dimension dans les déclarations sans détour de Kagame.
Lors de son entretien, Kagame a vivement critiqué Félix Tshisekedi, le président congolais. Il a accusé la RDC de multiplier les conditions pour les rencontres diplomatiques, et a rejeté toute responsabilité sur son propre gouvernement. « Pour moi, c’est lui qui met des conditions. Moi, je n’ai jamais mis de conditions avant de le rencontrer », a-t-il déclaré avec insistance.
Kagame a également pointé du doigt l’instabilité de la politique congolaise, soulignant les changements fréquents d’alliances militaires par Kinshasa. « Le Président de la RDC a invité la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC), puis les a expulsés. Il a fait intervenir la SADC tout en faisant en sorte que les forces burundaises restent présentes sur le sol congolais », a-t-il ajouté.
En février 2024, un mini-sommet s’était tenu à Addis-Abeba, suivi d’une rencontre à Luanda entre Félix Tshisekedi et le président angolais, Joao Lourenço. Ce dernier joue un rôle de médiateur dans cette crise régionale. Lors de ces discussions, Tshisekedi avait donné son accord de principe pour rencontrer Kagame, sous certaines conditions.
Selon les déclarations du ministre angolais des Affaires étrangères, Tété Antonio, Tshisekedi exigeait le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais, la cessation des hostilités et le cantonnement des rebelles du M23 avant toute rencontre officielle avec Kagame.
Face à ces exigences, Kagame a exprimé son agacement et rejeté toute responsabilité sur la stagnation des pourparlers. « J’ai toujours été prêt », a-t-il affirmé, en soulignant que la médiation angolaise avait confirmé son engagement pour une rencontre. Il a également minimisé les accusations de présence militaire rwandaise en RDC, esquivant la question en déclarant : « Si l’on est menacé, nous sommes prêts à nous battre ».
Malgré les tentatives de médiation, le dialogue entre Kigali et Kinshasa semble dans l’impasse. Les deux pays restent bloqués sur leurs positions respectives, et la situation sur le terrain, notamment dans l’Est de la RDC, demeure critique. Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon plusieurs sources, continuent de contrôler des portions significatives du territoire congolais, ce qui exacerbe les tensions.
La Rédaction