Alors que le monde célèbre la Journée mondiale des forêts tropicales ce 22 juin, une controverse éclate au Congo-Brazzaville. Un permis d’exploration pétrolière récemment accordé à une entreprise chinoise menace directement le parc national de Conkouati-Douli, un joyau écologique du pays.
Les défenseurs de l’environnement montent au créneau pour dénoncer cette décision aux conséquences potentiellement désastreuses.
En janvier dernier, le gouvernement congolais a délivré un permis d’exploration pétrolière à la société China Oil Natural Gas Overseas Holding United. Cette décision, prise sans consultation publique, a rapidement suscité l’indignation des ONG locales et internationales. Earth Insight et Greenpeace Africa, en collaboration avec plusieurs organisations congolaises, ont sonné l’alarme sur les dangers que représente ce projet pour l’écosystème du parc.
Le parc national de Conkouati-Douli est une aire protégée de 5 000 km², située à la frontière avec le Gabon. Il abrite une incroyable biodiversité, dont des espèces en voie de disparition telles que les gorilles des plaines occidentales, les chimpanzés et les éléphants de forêt. La forêt tropicale qui s’étend sur cette région est également un important puits de carbone, essentiel dans la lutte contre le changement climatique.
Stella Tchoukep, de Greenpeace Africa, n’a pas mâché ses mots : « C’est une régression déplorable ». Selon elle, ce permis d’exploration va à l’encontre des engagements internationaux pris par le Congo-Brazzaville en matière de protection des parcs nationaux et de conservation des forêts, signés lors de la COP 28. « Aujourd’hui, on parle de développement durable qui doit tenir compte non seulement de l’économie, mais aussi et surtout du social et de l’environnemental », insiste-t-elle.
Au-delà des menaces environnementales, ce projet pétrolier pourrait également avoir des répercussions catastrophiques sur les communautés locales. Des milliers de villageois dépendent directement de cette forêt pour leurs moyens de subsistance. « On a un écosystème intact. On a des personnes qui vivent et qui dépendent de cet écosystème-là . Et puis, on a même, pour la lutte contre le changement climatique, un stock de carbone important », explique Stella Tchoukep.
Les ONG appellent à une réponse immédiate et forte de la part des autorités congolaises. « Il ne faut pas seulement que l’État annule le bloc pétrolier de Conkouati. Il faut carrément interdire l’exploration et l’extraction dans le parc national en général », martèle Stella Tchoukep. Earth Insight et Greenpeace vont plus loin en demandant l’arrêt des financements internationaux pour les activités de conservation tant que ce permis ne sera pas révoqué.
Cette situation met en lumière un dilemme épineux : l’économie du Congo-Brazzaville est fortement dépendante de l’exploitation des ressources fossiles. « Si l’État dépend de l’exploitation fossile, cela va être compliqué. On ne pourra pas atteindre les objectifs de protection du climat, des forêts et des droits des communautés », avertit Stella Tchoukep. Les autorités doivent donc trouver un équilibre entre développement économique et préservation de l’environnement, un défi de taille pour le pays.
La Rédaction