Le 21 juin 2024, une date qui restera gravée dans l’histoire de la Namibie. La Haute Cour de Windhoek a invalidé une loi héritée de la période coloniale, qui criminalisait les relations homosexuelles.
Ce jugement, qualifié d’historique par de nombreux militants et organisations de défense des droits humains, marque une étape décisive vers une Namibie plus inclusive.
La loi incriminant la sodomie en Namibie, datant de 1927, n’avait jamais été modifiée depuis l’indépendance du pays en 1990. Elle interdisait les relations sexuelles entre personnes de même sexe, bien qu’elle fût rarement appliquée. La Haute Cour a déclaré cette loi anticonstitutionnelle, ainsi que les « délits de sexe contre nature ». Les juges ont affirmé qu’il n’était pas raisonnablement justifiable de maintenir de telles criminalisations dans une société démocratique simplement parce qu’une majorité des citoyens pourraient ne pas les accepter.
La décision a été accueillie avec une immense joie par la communauté LGBTQ+ namibienne. Friedel Dausab, le militant LGBTQ+ qui avait porté l’affaire devant la Haute Cour, s’est exprimé avec soulagement : « Grâce à cette décision, je ne me sens plus traité comme un criminel dans mon propre pays, simplement à cause de qui je suis. » Les photos de militants célébrant devant le tribunal, brandissant des pancartes telles que « Décolonise ma sexualité » et « Vire la loi de ma vie amoureuse », ont inondé les réseaux sociaux.Â
L’ONG Human Dignity Trust, basée à Londres, a salué cette décision comme étant historique, soulignant qu’elle permet de lutter contre la stigmatisation et la discrimination. Téa Braun, directrice générale de l’ONG, a déclaré que la communauté LGBTQ+ de Namibie pouvait désormais envisager l’avenir avec plus d’optimisme. De son côté, Onusida a qualifié cette invalidation de « victoire significative », y voyant une étape clé vers une Namibie plus inclusive.
Cette décision judiciaire intervient dans un contexte de tensions accrues concernant les droits des LGBTQ+ en Afrique australe. En Namibie, les affaires concernant les droits des homosexuels à se marier, à devenir parents ou à immigrer se sont multipliées. En mai 2023, la Cour suprême avait reconnu certaines unions contractées à l’étranger entre personnes de même sexe, provoquant la colère des conservateurs et entraînant l’adoption par le Parlement d’une loi interdisant le mariage homosexuel, toujours en attente de ratification par le président.
En Afrique, peu d’États ont dépénalisé les relations homosexuelles, l’Afrique du Sud étant le seul pays du continent où le mariage homosexuel est légal depuis 2006.
La décision de la Haute Cour de Namibie est néanmoins un symbole puissant de progrès et de justice sociale. Elle rappelle que, même face à des pressions sociales et politiques, la dignité et les droits fondamentaux de chaque individu doivent être protégés et respectés.
La Rédaction