Le président algérien par intérim, Abdelkader Bensalah, a procédé mercredi à un léger remaniement ministériel. Il a nommé un nouveau ministre de la Justice, à savoir Belkacem Zeghmati, en remplacement de Slimane Brahimi, selon un communiqué de la Présidence.
“Le chef de l’Etat a nommé M. Belkacem Zeghmati, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, après consultation de M. le Premier ministre, Noureddine Bedoui”, explique la même source, ajoutant que d’autre part, M. Bensalah, a nommé Mohamed Zoughar, secrétaire général du ministère de la Justice, en remplacement de Samir Bourehil, dont il a été mis fin à ses fonctions en cette qualité.
Même si aucun détail sur ce changement n’a été fourni, ce mini remaniement coïncide avec le lancement d’une vaste opération de lutte contre la corruption dans le pays, dirigée contre d’anciens hauts responsables politiques ou en exercice ainsi que des hommes d’affaires éminents qui ont détourné et dilapidé des biens publics à l’époque du président déchu Abdelaziz Bouteflika.
Pourtant, le coordonnateur du Panel de dialogue et de médiation en Algérie, Karim Younes, a déclaré mardi que le groupe qu’il a constitué serait probablement dissous si les autorités ne répondaient pas de manière positive aux conditions d’apaisement qui avaient été définies avant le lancement d’un dialogue avec la classe politique pour tenter de trouver une issue à la crise que traverse le pays depuis le 22 février.
Dans une déclaration à la station de radio publique, il a affirmé avoir “fixé quelques conditions d’apaisement, y compris la libération des personnes arrêtées lors des manifestations et la levée des multiples points de contrôle de sécurité qui ont été installés au niveau des accès à la capitale afin d’empêcher les citoyens de rejoindre les manifestations anti-régime organisées chaque vendredi”.
Le groupe demande également la démission de l’actuel Premier ministre, Nourredine Bedoui, et son remplacement par un technocrate prenant en charge le gouvernement jusqu’à l’élection d’un nouveau président.
M. Younes a ajouté que “les membres du groupe de médiation n’entameront aucun processus de dialogue tant que nos conditions ne sont pas remplies”.
Il a également supposé que le groupe “serait probablement dissous si la présidence ne répondait pas à ces conditions”.
La semaine dernière, le chef d’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, a rencontré les membres de ce panel de médiation. Il a appelé la justice à libérer les manifestants arrêtés lors des récentes manifestations et a demandé aux autorités sécuritaires de lever les mesures sévères qui empêchent les personnes d’entrer dans la capitale.
Sur cette question, le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, s’est félicité mardi de la création du groupe de médiation pour le dialogue, mais il a rejeté “l’obligation de dicter” toute condition préalable au lancement du processus de dialogue afin de résoudre la crise politique qui frappe le pays.
S’adressant à de hauts gradés de l’armée et aux cadets de la nation à l’ouest d’Alger, le général Gaïd Salah a déclaré que l’armée valorisait “les étapes franchies sur la voie du dialogue national, notamment après l’audience accordée par le chef d’Etat à un groupe de personnalités nationales qui se chargera de la conduite de ce dialogue, s’engageant à mettre à disposition les moyens nécessaires pour l’accompagner dans cette noble démarche et réunir les conditions idoines pour la tenue des présidentielles dans les plus brefs délais”.
Cependant, le chef de l’armée a été catégorique en assenant qu'”il n’est plus question de perdre davantage de temps car les élections constituent le point essentiel autour duquel doit s’axer le dialogue, un dialogue que nous saluons et qui sera, nous l’espérons, couronné de succès et de réussite, loin de la méthode imposant des préalables allant jusqu’aux diktats”.
Le 3 juillet dernier, M. Bensalah a exhorté “tous les acteurs politiques à se joindre au processus de dialogue global que le gouvernement doit lancer pour tenter de discuter des prochaines élections présidentielles, tout en fournissant leurs suggestions”.
Pour le moment, une nouvelle tentative de lancement du processus de dialogue est nécessaire pour surmonter l’impasse politique actuelle, suggèrent les observateurs.
L’Algérie est secouée par un mouvement de protestation à grande échelle depuis le 22 février dernier qui a contraint l’ancien président Abdelaziz Bouteflika à démissionner le 2 avril. Pour le moment, les manifestants demandent le départ du président par intérim et du cabinet du Premier ministre sous prétexte d’appartenance à l’ancien régime.
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