Idriss Youssouf Boy, bras droit du président tchadien, a été évincé sans explication, suscitant interrogations sur les motivations derrière ce décret.
Le vendredi 27 septembre 2024, un décret présidentiel a secoué les sphères politiques du Tchad. Idriss Youssouf Boy, un proche du président Mahamat Idriss Déby Itno, a été démis de ses fonctions de Ministre Directeur de cabinet du Président. Cette décision, qui a pris de court de nombreux observateurs, laisse planer un mystère autour des raisons de ce changement. Alors que certains évoquent un simple remaniement, d’autres y voient une sanction déguisée. Que cache ce départ ? Idriss Saleh Bachar, son remplaçant, est-il destiné à incarner une nouvelle ère au sein du Palais Toumaï ?
Idriss Youssouf Boy n’était pas un simple directeur de cabinet. Ami intime, frère de cœur du Président Mahamat Idriss Déby, il occupait un rôle central au sein de la présidence. Depuis janvier 2023, il avait en charge des dossiers stratégiques et la gestion de réseaux influents. Surnommé « Makambo » en référence au garde du corps légendaire de Moussa Dadis Camara, Boy était connu pour son influence dans les hautes sphères du pouvoir tchadien.
Mais son parcours a été jalonné de zones d’ombre. Écarté une première fois en 2022 pour détournements de fonds au sein de la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), il avait réussi à regagner la confiance du président. Cependant, cette destitution soudaine relance les spéculations. Pourquoi un homme aussi loyal et influent a-t-il été à nouveau mis à l’écart ?
Pour remplacer Boy, le président a choisi Idriss Saleh Bachar, un homme au profil bien différent. Docteur en ingénierie et quadragénaire, Bachar est bien moins controversé. Après avoir dirigé plusieurs agences publiques et occupé des postes ministériels, il avait été écarté lors de la formation du dernier gouvernement en mai 2024. Sa nomination à ce poste stratégique marque son retour au cœur du pouvoir.
Contrairement à Boy, Bachar est perçu comme un technocrate plus discret. Son image plus lisse et sa proximité avec le président pourraient indiquer une volonté de changement de style dans la gestion du cabinet présidentiel.
La question qui domine Ndjamena est de savoir si cette décision est un simple remaniement ou si elle cache une sanction. Officiellement, Idriss Youssouf Boy est « appelé à d’autres fonctions » sans plus de précisions. Mais les observateurs se demandent si cette éviction n’est pas le résultat de tensions internes ou de nouveaux scandales qui auraient ébranlé la confiance du président.
Il est connu que Boy avait des adversaires au sein des cercles du pouvoir, et son implication passée dans des affaires financières délicates, notamment ses liens avec des circuits de financement militaire, n’ont jamais cessé de hanter son parcours.
Ce changement à la tête du cabinet présidentiel intervient dans un contexte politique particulièrement sensible pour le président Déby. Alors que le pays se prépare à des échéances cruciales, cette décision pourrait être interprétée comme un signal fort de réorganisation et de redéfinition des priorités. Le président souhaite-t-il se débarrasser des figures controversées pour s’entourer de personnalités plus consensuelles ? Ou bien s’agit-il simplement d’une tentative de calmer les tensions internes ?
La Rédaction