Le Mali rouvre le procès controversé de l’achat de l’avion présidentiel de 2014, impliquant de hauts responsables accusés de détournement de fonds.
Le 24 septembre, le Mali a rouvert une des affaires les plus controversées de son histoire récente : l’achat de l’avion présidentiel en 2014 et les contrats d’équipements militaires, sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta. Ce procès s’annonce comme un événement clé, avec des inculpations de hautes personnalités pour détournement de fonds et corruption, ravivant ainsi les tensions autour de ce dossier sulfureux. Entre accusations, surfacturations et manœuvres politiques, le procès soulève de nombreuses questions sur la transparence des transactions publiques sous l’ancien régime.
Dès l’ouverture du procès, un important dispositif de sécurité était en place. Sur le banc des accusés, on retrouve d’anciens ministres et des militaires, tous inculpés pour corruption et atteinte aux biens publics. Cette affaire, datant de 2014, concerne l’acquisition d’un avion pour le président Keïta, ainsi que des équipements militaires dont la valeur dépasse les 130 milliards de francs CFA.
Les premières audiences ont été marquées par des demandes de la défense, notamment la déclaration d’incompétence de la Cour. Les avocats des inculpés estiment que leurs clients, notamment les anciens ministres, devraient être jugés par la Haute cour de justice. Cependant, ces requêtes ont été rapidement rejetées, permettant au procès de continuer.
Le scandale avait éclaté en 2013, lorsqu’un journal local, Le Sphinx, révéla les irrégularités autour de l’achat de l’avion présidentiel, surnommé ironiquement « Ladji Bourama Air Force One ». Les soupçons de surfacturation avaient soulevé un tollé, d’autant plus que des personnalités proches du président Keïta, telles que Sidi Mohamed Kagnassi, se trouvaient au cœur de l’affaire. Selon le Sphinx, la facture de l’avion aurait été multipliée par trois, passant de 7 milliards à 21 milliards de francs CFA.
Le Fonds monétaire international (FMI), alerté par ces révélations, avait exigé un audit complet. Ce rapport, réalisé par le Bureau du Vérificateur général (BVG), confirmait les irrégularités et surfacturations, avec un montant total de fraude estimé à 28 milliards de francs CFA.
L’une des figures clés de ce scandale, Soumeylou Boubeye Maïga, ancien ministre de la Défense, est absente du procès. Décédé en détention en 2022, Maïga est considéré comme un acteur central dans la signature des contrats litigieux. Son décès prive donc ce procès d’un témoin majeur qui aurait pu éclaircir les zones d’ombre entourant ces transactions.
Certains observateurs, comme Mohamed Chérif Koné, ancien avocat général à la Cour suprême, dénoncent une manœuvre de diversion de la part des autorités actuelles. Pour eux, la junte malienne chercherait à détourner l’attention de l’opinion publique en rouvrant des dossiers déjà classés. Cependant, pour d’autres, ce procès représente un pas important vers la lutte contre la corruption endémique qui gangrène le pays.
La Rédaction