
Gouvernement et syndicats du Tchad sont parvenus à un accord mercredi soir pour mettre fin à la paralysie du secteur public en grève depuis fin janvier suite à des mesures d’austérité nationales.
« La suspension de la grève générale et la reprise du travail après le paiement effectif de tous les agents de l’Etat » et « la poursuite du dialogue entre les deux parties en vue d’instaurer un climat social apaisé dans le pays » sont prévues dans cet accord, signé mercredi par le gouvernement et le groupement syndical de la plateforme syndicale revendicative. Cette organisation est à l’origine d’un mouvement massif de grève du secteur public dans le pays depuis fin janvier.
Selon le texte établi après deux semaines de négociations, les salaires de février de la fonction publique seront payés. 31.000 agents de l’Etat n’avaient pas reçu de revenu en février du fait de la grève.
L’accord prévoit l’application d’un moratoire de trois mois par les banques sur les prêts contractés par les fonctionnaires, étant donné que de nombreux fonctionnaires possèdent des emprunts bancaires.
Des alternatives à la réduction des primes et/ou indemnités des fonctionnaires seront à l’étude, dit le texte, tout en gardant l’objectif de la réduction de la masse salariale de 30 milliards de FCFA (45,7 millions euros).
La nouvelle réduction des primes et/ou indemnités en janvier 2018 a été le déclencheur des mécontentements. Depuis les premières mesures d’austérité en 2016, les agents de l’Etat ont été amputés d’un tiers de leur revenu final.
Le texte veut aussi « la suspension du recensement en cours ».
Pourtant réclamé par les syndicats depuis plusieurs mois, ce recensement doit mettre en lumière le nombre de fonctionnaires fantômes du pays qui compte environ 92.000 fonctionnaires civils.
Mais les syndicats voudraient être associés à cet audit, et ne veulent pas que le recensement soit fait uniquement par le ministère des finances, selon une source syndicale.
Depuis janvier, le climat social s’est tendu dans le pays où la grève du secteur public a été accompagnée d’appels à marcher ou de manifestations interdites par les autorités.
N’Djamena, qui subit les conséquences de la chute des prix du baril de pétrole, doit s’en tenir aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI) et maîtriser sa masse salariale ou encore régler des dettes extérieures pour débloquer les tranches de financement au titre de la facilité élargie de crédit et à hauteur de 312,1 millions de dollars.
Près de 40% des Tchadiens, pays de plus de 14 millions d’habitants, vit sous le seuil de pauvreté.
AFP