La course à la présidentielle est lancée. Ils sont plus d’une dizaine à s’être déjà lancés dans la course pour le Palais de la Nation. Tous ne seront pourtant pas en lice. Comme pour toute élection, un certain nombre de critères doivent être remplis pour se présenter à la présidentielle.
Mais avant d’être élu, les candidats doivent remplir plusieurs conditions. Certaines ont pour but d’éviter d’avoir trop de monde sur la ligne de départ.
” Les critères pour être ”un Candidat”
Conformément à l’article 103 de la nouvelle loi électorale promulguée en juin 2022 portant organisation des élections présidentielle, législatives, municipales, urbaines et locales, les conditions à remplir pour un candidat à l’élection présidentielle sont:
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Pour être éligible, plusieurs conditions de fond doivent être remplies. Les candidats doivent tout d’abord avoir la nationalité Congolaise. Ils doivent également être âgés de plus au moins de 30 ans. Les prétendants pour le Palais de la Nation sont également tenus d’être inscrits sur les listes électorales. Ils ne peuvent pas se présenter s’ils sont privés de leurs droits d’éligibilité par une décision de justice. Ils ne peuvent pas non plus être placés sous tutelle ou sous curatelle. En outre, ils doivent avoir satisfait aux obligations imposées par la loi électorale et faire preuve de « dignité morale ».
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Afin d’éviter des candidatures trop nombreuses, mais aussi des candidatures fantaisistes, les candidats à la présidentielle doivent avoir le nombre requis de parrainages. Le recueil des parrainages débute avec la publication du décret de convocation des électeurs.
- Une fois l’obstacle des parrainages franchi, d’autres éléments sont réclamés aux candidats. La Cour constitutionnelle leur demande ainsi de fournir une déclaration de patrimoine. Cette dernière porte sur les biens du candidat. Une fois élu, le chef de l’Etat s’engage, en outre, à renouveler sa déclaration de patrimoine avant la fin de son mandat.
- Un récépissé du paiement des frais de dépôt de candidature non remboursable de 160.000.000 de francs congolais versés dans le trésor public et avoir un diplôme d’études supérieures ou universitaires ou justifier d’une expérience professionnelle d’au moins 5 ans dans le domaine politique, administratif ou socio-économique.
”Les qualités d’un bon candidat”
Un bon candidat doit démontrer un ensemble de qualités objectives et subjectives qui lui permettront de façonner une stature, une étoffe de président. Ces qualités participent à la construction d’un leadership politique. D’autres dimensions sont attendues, telles que le style d’exercice du pouvoir, la vision pour la société ou encore l’esprit réformateur.
Un bon candidat doit présenter un programme, une vision de ce qu’il envisage de faire s’il est élu. Il doit dégager une extrême confiance en soi, une assurance démesurée et avoir un certain charisme, parler avec fougue et audace afin de gagner le cœur des gens.
Un bon candidat doit avoir un caractère solide, une grande capacité de travail. Il doit s’habiller de façon élégante, s’exprimer dans un français sans faute; parler au moins parfaitement l’anglais; et si possible au moins une autre langue étrangère. Il doit lire tous les jours la presse étrangère et connaître parfaitement les nouvelles technologies: un président qui ne saurait répondre lui-même à ses emails, envoyer un tweet ou naviguer sur Google serait aujourd’hui incapable de comprendre le monde.
Un bon candidat doit aussi avoir une capacité à ne pas mentir à lui-même, à garder un secret, à travailler en équipe mais à décider seul, sans le faire en fonction de ses intérêts propres ou de rancunes personnelles. Il doit être capable de ne pas se mêler des détails, s’en tenir à de grandes directives.
Un bon candidat doit avoir aussi une grande connaissance des sujets les plus essentiels pour l’incarnation de la nation: les problèmes militaires, financiers, éducatifs, et sociaux. Il doit avoir une grille de lecture des événements qui attendent les Congolais.
Pour avoir ces qualités, un candidat à la présidence de la République ne doit donc pas nécessairement avoir été ministre. Au contraire même, cela pourrait fausser ses réactions, en le ramenant à des considérations de détail.
Selon le calendrier électoral publié en novembre 2022, la campagne électorale aura lieu du 19 novembre au 18 décembre 2023 pendant 30 jours. La publication des résultats provisoires interviendra le 31 décembre et les résultats définitifs seront publiés, par la Cour constitutionnelle, le 10 janvier 2024.
Pourtant, la campagne n’est pas, par nature, faite pour révéler ces traits de caractères. Pour y parvenir, il ne faudra pas se contenter de petites phrases, de postures, de ralliements et de trahison. Il faudra oser poser ces questions à ces candidats.
A quelques mois de la présidentielle ( sans report), le terrain politique s’échauffe: Augustin Matata Ponyo, Martin Fayulu , Adolphe Muzito et Moïse Katumbi ont annoncé leur intention de défier le président Félix Tshisekedi dans les urnes. Pour l’instant, on n’a pas réussi à voir surgir les vraies raisons d’être de ces candidatures, sinon des ambitions personnelles, ou un soi-disant dévouement à la cause nationale. Et pour l’instant, on en est à des querelles d’écolier.
Par Guylain Gustave Moke
Analyste Politique/Politologue