Des dizaines de personnes ont été enlevées contre rançon ces quatre derniers jours sur une route dans l’Etat de Kaduna (nord du Nigeria), victime de violences de bandes armées, ont rapporté mercredi des habitants et des chefs traditionnels locaux.
“Un très grand nombre de personnes ont été enlevées le week-end dernier”, a expliqué Adbu Gajere, un habitant de la région de Birnin Gwari. “Les criminels ont élevé des barricades sur la route au niveau de Birnin Gwari, ils forçaient les voitures à s’arrêter et ont emmené leurs victimes dans la forêt.”
“Il est difficile de dire avec précision combien ont été enlevées, mais plus de 10 véhicules, dont des bus ont été vidés et abandonnés le long de la route”, a ajouté M. Gajere. Certaines familles ont déjà été contactées pour envoyer d’importantes sommes d’argent aux ravisseurs.Â
Le porte-parole de l’émir de Birnin Gwari, Isah Muhammad Galadima, estime que “plus de cent” personnes ont été enlevées. “La route est pleine de nids-de-poule, ce qui force les voitures à s’arrêter”, explique-t-il. “Il y a eu d’autres attaques lundi contre au moins quatre véhicules.”
“Il y a eu des élections locales ce week-end et les forces de police, habituellement déployées le long de la route, ont dû prendre position pour sécuriser le scrutin”, poursuit M. Galadima. “Les gangs ont dû en profiter pour commettre leurs actes criminels”.
Le porte-parole de la police de l’Etat de Kaduna, Mukhtar Aliyu, affirme n’avoir reçu “aucun compte-rendu de ces incidents”, mettant en garde contre les “exagérations” des populations locales.
“Oui il y a des actes criminels le long de cette route, mais je n’ai entendu parler d’aucun kidnapping le week-end dernier”, souligne-t-il. “Il y a deux semaines, à la suite d’un kidnapping justement, le chef de la police nigériane s’est rendu sur cette route et a ordonné le déploiement de 200 hommes. Nous faisons tout notre possible pour garantir la sécurité des citoyens”.
Début mai, des violences entre gangs et villageois de Birnin Gwari organisés en milices, ont fait plus de 70 morts. Plus de 2.000 personnes, qui ne peuvent pas rejoindre leurs foyers, survivent grâce aux dons des villages, selon l’émir local.
Des groupes armés sont repliés dans des camps situés dans l’épaisse forêt alentour, et commettent régulièrement des kidnappings contre rançons, des vols de bétail ou des attaques à mains armées.
Un ingénieur originaire de Syrie a été enlevé mercredi dans l’Etat de Sokoto, a annoncé le porte-parole de la police locale, Cordelia Nwawe. Les trois policiers qui l’escortaient et qui ont tenté de venir à son secours ont été abattus.
Les kidnappings contre rançon sont nés il y a une dizaine d’années dans le Sud-Est pétrolier, avant de se propager dans tout le pays, particulièrement dans l’Etat de Kaduna. Ils n’ont aucun lien avec les enlèvements du groupe jihadiste nigérian dans le Nord-Est.
Les enlèvements avaient d’abord visé les expatriés, mais peu à peu, les Nigérians de la classe supérieure ou moyenne, sont devenus les premières victimes des kidnappings.
Les personnes enlevées sont souvent libérées après quelques jours, après versement d’une rançon.
Dix des 36 Etats formant le Nigeria appliquent la peine de mort pour les auteurs d’enlèvements.
Afrique Diplo