Le défenseur des droits humains fait l’objet d’une enquête pour « diffusion de fausses informations » à la suite d’une publication dans laquelle il critique l’« implication du Maroc dans l’espionnage de la France ».
Le parquet marocain a annoncé jeudi 31 octobre le placement en garde à vue du défenseur des droits humains Fouad Abdelmoumni, qui fait l’objet d’une enquête pour « diffusion de fausses informations » à la suite d’une publication dans laquelle il critique, selon les médias locaux, l’« implication du Maroc dans l’espionnage de la France ».
M. Abdelmoumni, 66 ans, a été interpellé mercredi puis placé en garde à vue car soupçonné d’avoir « signalé un crime notoirement fictif dont il sait l’inexistence » et d’avoir « diffusé de nombreuses fausses informations », a fait savoir le ministère public, cité par l’agence marocaine MAP.
Ce militant, voix critique des autorités marocaines et membre de la Fédération de la gauche démocratique, « comparaîtra vendredi devant le procureur du roi près le tribunal de première instance de Casablanca », a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) son avocat, Me Mohammed Nouini.
La diffusion de fausses informations qui lui est reprochée serait liée à une publication dans laquelle M. Abdelmoumni évoque « l’implication du Maroc dans l’espionnage de la France » à travers le logiciel espion israélien Pegasus, selon des médias locaux.
« La France, qui voit sa position décliner parmi toutes les nations, ne voudrait pas céder au chantage d’un Etat faible qui utilise tous les moyens de pression à sa disposition (…), sans oublier l’espionnage », a-t-il écrit mardi sur Facebook.
Le post a coïncidé avec une visite d’Etat de trois jours du président français, Emmanuel Macron, au Maroc, scellant une réconciliation entre Paris et Rabat, après plusieurs années de brouille.
En 2021, le Maroc avait été accusé d’avoir utilisé Pegasus pour infiltrer les téléphones de plusieurs personnalités publiques nationales et étrangères, dont M. Macron, selon une vaste enquête menée par un consortium de médias internationaux sur la base de données obtenue par les organisations Forbidden Stories et Amnesty International.
Le gouvernement marocain avait catégoriquement démenti « ces allégations mensongères et infondées ». Ces accusations avaient entre autres alimenté des tensions entre la France et le Maroc, avant que les deux pays ne renouent leurs liens trois ans plus tard.
La réconciliation a été possible après le soutien apporté par la France fin juillet à un plan d’autonomie sous « souveraineté marocaine » pour le territoire disputé du Sahara occidental, où les indépendantistes du Front Polisario, en conflit avec Rabat depuis un demi-siècle, sont soutenus par l’Algérie.
Durant la visite de M. Macron, une quarantaine d’accords et de contrats ont été signés dans le secteur ferroviaire, pour le dessalement de l’eau, concernant la fourniture d’un satellite de communications ou pour la production d’hydrogène vert.
AFP