Le nom du président de la Transition au Gabon est connu : Brice Oligui Nguema. Il était jusque-là le chef de la Garde républicaine d’Ali Bongo.
C’est le chef de la Garde républicaine, le général Oligui Nguema, qui prend la tête de la junte gabonaise. La décision a été communiquée, hier après-midi, après une réunion entre les putschistes. « Le général Oligui Nguema Brice a été désigné à l’unanimité président du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions, président de la Transition », ont déclaré les putschistes à la télévision Gabon 24.
Dans un entretien accordé au journal Le Monde, le nouvel homme fort du Gabon déclarait, plus tôt dans la journée : « Vous savez qu’au Gabon il y a une grogne et, au-delà de cette grogne, il y a la maladie du chef de l’État. Tout le monde en parle, mais personne ne prend ses responsabilités. Il n’avait pas le droit de faire un troisième mandat, la Constitution a été bafouée, le mode d’élection lui-même n’était pas bon. Donc l’armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités ».
Les nouvelles autorités ont maintenu le couvre-feu instauré par le régime déchu, mais ont ordonné la reprise de la diffusion des chaînes internationales suspendues. Il s’agit de France 24, RFI et TV5 Monde.
Des liens de sang existent entre le nouvel homme fort du Gabon et la famille Bongo. Cousin germain d’Ali Bongo, il avait servi comme aide de camp de Bongo père, jusqu’à son décès, en 2009. En froid, pendant quelques années, avec le fils Bongo, Brice Oligui Nguema fut « exilé à l’ambassade du Gabon au Maroc puis à celle au Sénégal », a confié à  France 24 le journaliste Francis Kpatindé qui le connaît bien. Ce n’est qu’après l’AVC qui a frappé le Président gabonais, en 2018, que l’homme foulera à nouveau le sol gabonais. C’est ainsi qu’il prend, en 2019, la tête de la Direction générale des services spéciaux (DGSS).
Celui qui passait pour un fidèle d’Ali Bongo deviendra le chef de la Garde républicaine, en 2020. Poste qu’il garde jusqu’à ce mercredi 30 août 2023 où son destin bascule. Le chef de la junte, qui est porté en triomphe par ses camarades, pourrait toutefois traîner des casseroles.
Le nouveau pouvoir du général Oligui, chef de la GR, a maintenu le couvre-feu décrété par le gouvernement déchu le jour du scrutin samedi. Mais jeudi matin, la vie avait repris son cours tout à fait normal à Libreville. Chacun veut savoir si et quand le nouvel homme fort du Gabon – fidèle aide de camp d’Omar Bongo jusqu’à son dernier souffle en 2009, promu dix ans plus tard à la tête de la GR chargée de protéger son fils – rendra le pouvoir aux civils.
La plateforme de l’opposition Alternance 2023, qui avait annoncé la victoire de son champion Albert Ondo Ossa samedi, est restée extrêmement silencieuse depuis le coup d’Etat, mais a promis une conférence de presse jeudi après-midi. Aucun de ses responsables n’a demandé publiquement aux militaires de reconnaître la victoire de M. Ondo Ossa et lui confier les rênes du pays.
L’organisation américaine de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (Organized Crime and Corruption Reporting Project) lui reproche, en effet, l’acquisition, entre 2015 et 2018, de trois propriétés immobilières dans la banlieue de Washington pour la rondelette somme de plus d’un million de dollars.
AfriqueDiplo