Au Gabon, l’ancien président Ali Bongo Ondimba et ses deux plus jeunes fils, Jalil et Bilal, ont entamé une grève de la faim pour protester contre ce qu’ils qualifient de « séquestration » et d’« actes de torture » infligés à plusieurs membres de leur famille.
Cette annonce a été faite mardi par leurs avocats, Maîtres François Zimeray et Catalina de la Sota, qui ont également déposé une plainte devant le tribunal judiciaire de Paris. Les avocats de la famille Bongo ont précisé que cette nouvelle plainte vise à obtenir la désignation d’un juge d’instruction en France pour enquêter sur ces graves accusations.
Selon le communiqué, la plainte déposée accuse le régime actuel de « arrestation illégale, séquestration aggravée par des actes de torture et actes de barbarie » contre Ali Bongo, son épouse Sylvia, et leurs fils Noureddin, Jalil et Bilal. La famille Bongo possède la double nationalité, française et gabonaise.
Les détails des accusations sont particulièrement choquants. Noureddin Bongo aurait été torturé à plusieurs reprises, battu avec des objets contondants, étranglé, fouetté et électrocuté au taser. Sylvia Bongo, quant à elle, aurait été contrainte d’assister à ces tortures tout en subissant également des violences physiques. Ali, Jalil et Bilal auraient été assignés à résidence, privés de tout contact avec l’extérieur.Â
Dans une interview accordée à RFI, Me François Zimeray a expliqué que la décision de recourir à la grève de la faim est une réaction désespérée face à une situation intenable. « Cela fait neuf mois que cette famille est privée de sa liberté, que leur mère et leurs frères sont arrêtés et torturés, et qu’eux-mêmes ne jouissent d’aucun des droits fondamentaux qui sont reconnus à chacun », a-t-il déclaré. Il a insisté sur le fait que bien que la famille Bongo ne soit pas au-dessus des lois, elle a droit à la dignité et à la justice.
Ali Bongo Ondimba a succédé à son père, Omar Bongo, en 2009, poursuivant une dynastie qui a dirigé le Gabon pendant 55 ans. Le régime de Bongo a souvent été critiqué pour sa corruption et son autoritarisme, mais il a également été un pilier de stabilité dans la région. Le coup d’État du 30 août 2023, mené par le général Brice Oligui Nguema, a mis fin à cette longue dynastie. Nguema, populaire parmi la population gabonaise pour avoir renversé le régime Bongo, a été proclamé président de transition par l’armée.
La plainte déposée à Paris a également des implications internationales. Les avocats de la famille Bongo ont déjà demandé à un groupe de travail de l’ONU de reconnaître leur « détention arbitraire » après le coup d’État. En portant l’affaire devant les tribunaux français, ils espèrent attirer l’attention internationale sur ce qu’ils considèrent comme des violations graves des droits de l’homme.
AFP