
Seuls 31 dossiers de candidature à la présidentielle anticipée du 15 septembre prochain ont été retenus sur les 97 déposés, a-t-on appris dimanche matin auprès de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).
« Alors que 20 prétendants à l’élection présidentielle sont parvenus à rassembler des parrainages populaires, 11 candidats ont bénéficié de parrainages parlementaires », a précisé dans un communiqué Farouk Ben Asker, membre de l’ISIE.
Il a ajouté que seuls 41 candidats avaient déposé la caution financière requise de 10.000 dinars (environ 3.500 dollars), mais que dix d’entre eux n’avaient pas tous les parrainages requis. Enfin, il a précisé que plus de 65 candidatures avaient été rejetées pour vice de forme en raison de l’absence de caution financière et des parrainages nécessaires.
Parmi les figures de proue du paysage politique tunisien ayant déposé leur candidature figurent le Premier ministre Youssef Chahed, son ministre de la Défense, Abdelkarim Zbidi, l’ancien président Moncef Marzouki, deux anciens chefs de gouvernement, à savoir Hamadi Jbali et Mahdi Jemaa, et l’actuel président par intérim de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP, Parlement), Abdelfattah Mourou.
Après avoir déposé vendredi son dossier de candidature à la présidentielle anticipée du 15 septembre au siège de l’instance électorale à Tunis, le chef du gouvernement Youssef Chahed a assuré aux journalistes qu’il n’avait pas l’intention de quitter son poste actuel.
Dans une brève déclaration, il a confirmé qu’il restera à la tête du gouvernement et assumera ses responsabilités jusqu’à la fin de son mandat. « Le but de ceux qui parlent de démission est le report des élections », a-t-il commenté.
« Ma démission de la présidence du gouvernement implique impérativement la démission de tous ses membres, une démarche erronée à la lumière des défis auxquels le pays fait face (…) Mieux encore, ma démission n’a aucune nécessité juridique », a insisté M. Chahed.
Entouré par une foule de partisans venus soutenir sa candidature, le chef du gouvernement a par ailleurs adressé bon nombre de messages implicites à ses concurrents.
« Le poste de président de la République est une grande responsabilité. Elle requiert un profil à mains propres, il devrait être le premier rempart contre toute violation de la Constitution et de la transition démocratique », a dit Youssef Chahed.
Et d’ajouter qu’il devra s’agir d’une personnalité « qui a le sens de l’Etat, maîtrise les dossiers de la sécurité nationale et des relations extérieures et surtout une présence d’esprit et des capacités de négociation et de communication qui permettent (de prendre) des décisions, les plus douloureuses parfois ».
« La Tunisie a besoin d’un président qui rompt avec l’ancien système juridique et les anciennes mentalités et pratiques, dont moi-même j’ai souffert tout au long de ces trois dernières années », a encore martelé M. Chahed.
Youssef Chahed est à la tête du gouvernement depuis août 2016. Auparavant, il était auparavant l’une des figures du parti Nidaa Tounes (Appel de la Tunisie), fondé par le défunt président Béji Caïd Essebsi, qui a remporté les élections législatives de 2014.
Toutefois, Nida Tounes l’avait suspendu de ses rangs en 2018 en raison de ses divergences avec M. Essebsi sur certaines politiques du gouvernement, mais aussi suite à des conflits internes. Il a fondé son propre parti, Tahya Tounes, en mars dernier.
Pour bon nombre d’analystes tunisiens, Youssef Chahed aura fort à faire face à des concurrents de gros calibre dans cette course présidentielle, notamment son ministre de Défense, Abdelkrim Zbidi, un indépendant soutenu par Nidaa Tounes, et le président du Parlement par intérim et candidat du parti Ennahdha, Abdelfattah Mourou.
Il faut aussi citer l’ancien président Moncef Marzouki et deux anciens chefs de gouvernement, en l’occurrence Hamadi Jbali et Mahdi Jomaa.
AfriqueDiplo