Dimanche et lundi, des leaders de l’opposition tanzanienne ont été mis aux arrêts. Cette mesure intervient avant une manifestation prévue, ce jour, par les responsables du principal parti d’opposition, Chadema.
Les premières personnes arrêtées sont l’ancien candidat du parti Chadema à la Présidentielle de 2020, Tundu Lissu, John Mnyika, le secrétaire général du parti, et Joseph Mbilinyi, un chanteur populaire qui fut candidat à la députation. Les trois hommes ont été interpellés, dimanche, à Mbeya, une ville située dans le sud-ouest du pays où devait se tenir une manifestation du parti, ce lundi.
Le rassemblement prévu, ce lundi, à Mbeya, entrait dans le cadre de la Journée internationale de la jeunesse célébrée le 12 août de chaque année. Selon les responsables du Chadema, au moins 10 000 jeunes étaient attendus à Mbeya pour célébrer cette journée avec le slogan : « Prenez en charge votre avenir ! » Mais, les autorités tanzaniennes avaient interdit la manifestation, évoquant des risques de débordement. Chose que les organisateurs n’ont pas voulu accepter, soulignant que le parti au pouvoir, Chama Cha Mapinduzi (CMC), avait lui-même, organisé un événement similaire, samedi dernier.
Ces interpellations ont suscité une vive réaction de la part de Freeman Mbowe, le président du Chadema. Sur X, il a, non seulement, condamné « fermement » les arrestations, mais également exigé la « libération immédiate et inconditionnelle » de tous les responsables ou militants du parti interpellés dans différentes régions du pays. Freeman Mbowe, lui-même sera mis aux arrêts, ce lundi, avec à ses côtés John Pambalu, membre du mouvement de la jeunesse. Leur arrestation a eu lieu à l’aéroport de Songwe, dans le sud-est du pays où ils venaient juste d’arriver.
A en croire le directeur de la communication du parti d’opposition, John Mrema, en dehors des responsables du parti, environ 500 jeunes qui faisaient route vers le lieu du rassemblement à Mbeya ont été, dans un premier temps, interpellés par la police avant d’être reconduits chez eux.
En Tanzanie, le parti au pouvoir mène la vie dure à l’opposition dont les leaders sont régulièrement arrêtés. Si l’accession au pouvoir de Samia Suluhu Hassan, après la mort de John Magufuli, avait suscité un certain espoir dans le rang de l’opposition, ses leaders ont vite déchanté avec l’arrestation de Freeman Mbowe, en juillet 2021. Et Tundu Lissu qui n’est rentré dans son pays qu’en janvier 2023, après cinq années d’exil, vient aussi de connaître une nouvelle arrestation.
De quoi susciter l’inquiétude du chercheur sur la Tanzanie pour l’ONG Human Rights Watch (HRW), Oryem Nyeko, qui a déclaré : « C’est inquiétant, car cela ressemble beaucoup aux arrestations massives d’opposants que nous avons observées lorsque Magufuli était Président. La Tanzanie ne devrait pas revenir dans cette direction, surtout à l’approche des élections ».
La Rédaction