En juillet prochain, les Maliens se rendront aux urnes pour élire leur nouveau président. Même s’il ne s’est pas encore porté officiellement candidat, il est plus que probable que l’actuel locataire du palais de Koulouba sera dans les starting-blocks, pour la course à sa propre succession.
Mais, peut-être pour une question de stratégie, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) garde-t-il pour le moment le mystère autour de sa candidature, même si les tournées qu’il mène depuis un certain moment à l’intérieur du pays, ressemblent, à ne pas s’y méprendre, à une campagne avant la campagne.
En tout cas, malgré un quinquennat particulièrement difficile, débuté dans un contexte sécuritaire délétère, marqué par l’occupation de la partie septentrionale du pays par des groupes armés et autres insurgés islamistes, tout porte à croire que Kankélétigui est encore prêt à aller au charbon pour tenter de sortir son pays de la mauvaise passe dans laquelle il s’est retrouvé depuis la chute du Guide de la Jamahiriya libyenne, qui a ouvert les portes de « l’enfer » pour les pays de la sous-région, à commencer par le pays de Modibo Kéita sur lequel les terroristes ont jeté leur dévolu.
L’homme, il faut le dire, n’a pas eu un quinquennat de tout repos. Passant le plus clair de son temps à courir après une paix introuvable pour son pays. Et vu le sort peu enviable qui semblait le sien, l’on ne pensait pas qu’ils seraient nombreux, les candidats à sa succession au palais de Koulouba. D’autant plus que cinq ans après l’invasion djihadiste stoppée de justesse par la France de François Hollande, l’on est loin d’avoir trouvé une solution définitive à la question des insurgés islamistes, avec un Nord pratiquement sous coupe réglée de groupes armés, et dont le contrôle échappe toujours à Bamako. Erreur !
En effet, à quelque trois mois de l’élection présidentielle, les candidatures se multiplient. Si fait que l’on est porté à croire que tout le monde veut être président. Cela est une bonne chose et traduit toute la vitalité de la démocratie malienne. En outre, cela est le signe que malgré les difficultés, les fils du Mali n’abandonnent pas leur patrie et ne baissent pas les bras face à l’adversité.
Mieux, ils sont nombreux à vouloir relever le défi de remettre le pays sur de bons rails. Au nombre de ceux-là, on compte, Modibo Koné, 57 ans, ancien fonctionnaire de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Hamadoun Touré, 65 ans, ex-patron de l’UIT (Union internationale des télécommunications), Aliou Boubacar Diallo, 58 ans, homme d’affaires sans coloration politique officielle connue, Mohamed Ali Bathily, ancien ministre de la Justice et ancien ministre des Affaires foncières et de l’Habitat de IBK.
Le 9 avril dernier, c’est Moussa Mara, éphémère ancien Premier ministre de IBK, qui n’aura passé que neuf mois à la primature, qui se déclarait candidat. Malgré une expérience de quelques mois au gouvernement, qui aura tourné court, l’homme de 43 ans, qui sera à sa deuxième tentative, pense être à présent suffisamment outillé pour tenir la barre du bateau battant pavillon Mali.
Dans la fougue de sa jeunesse, il a déjà dévoilé son programme: «le renouvellement et le rajeunissement de la classe politique et le leadership de notre pays, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption des élites, une décente réalisation effective et l’accroissement des revenus des plus pauvres, qui sont majoritaires au Mali ».
Pendant ce temps, 18 partis politiques réunis au sein de l’ARD (Alliance des démocrates rénovateurs) sollicitaient, le 9 avril dernier, la candidature de Soumaïla Cissé, candidat malheureux au second tour de la présidentielle de 2013 sous la bannière de l’URD (Union pour la République et la démocratie).
De même, les rues de la capitale malienne bruissaient d’une probable candidature de Dioncounda Traoré, l’homme de la Transition, au moment où se dessine aussi un front anti-IBK composé de partis politiques et d’associations, le regroupement « Unis pour le Mali » (UMA) au sein duquel on retrouve un certain Me Mountaga Tall, ancien ministre de IBK, président du Congrès national d’initiative démocratique (CNID), qui affirme sans ambages qu’ils seront au rendez-vous du 29 juillet prochain avec leur candidat, car, dit-il, « l’UMA, c’est le refus de la gouvernance actuelle et la volonté d’y mettre un terme lors des élections à venir ». C’est dire si ce ne sont pas les candidats à la succession de IBK qui manquent au Mali.
La question que l’on pourrait alors se poser, est de savoir si toutes ces candidatures sont à prendre au sérieux ou s’il y en a de fantaisistes ou de suscitées, comme l’on a coutume de le voir sous nos tropiques, lors de tels rendez-vous électoraux. Question de pouvoir monnayer ses suffrages le cas échéant, pour se tailler une place au soleil. L’histoire nous le dira. Mais en attendant, le constat est que parmi les candidats, de nombreux anciens collaborateurs du président IBK semblent se dresser contre lui.
C’est dire si le natif de Koutiala aura fort à faire, au cas où il serait candidat à sa propre succession. En tout état de cause, ce n’est pas le peuple malien qui se plaindra d’avoir autant de prétendants à la magistrature suprême. Il lui appartient, le moment venu, de faire le bon choix. Car, ce ne sont pas les défis qui manquent, à commencer par la question sécuritaire.
Par Manu Sidibe