
Un des fils du Président déchu du Gabon, Nourredine Bongo, vient d’écoper d’un mandat de dépôt. De même, des proches du cabinet d’Ali Bongo ont été mis en examen et emprisonnés. Ils sont tous poursuivis pour « haute trahison » et « corruption active ».
Noureddine Bongo Valentin, fils aîné d’Ali Bongo va séjourner en prison. Ainsi en a décidé le procureur de Libreville André-Patrick Roponat. Les griefs à son encontre : « haute trahison contre les institutions de l’État, détournements massifs des deniers publics, malversations financières internationales en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active, trafic de stupéfiants », précise le maître des poursuites.
Le fils du dirigeant déchu prendra le temps de méditer sur son sort derrière les barreaux après en partie dirigé le pays. Comment Nourredine Bongo en est arrivé là ? C’est le jeudi 5 décembre 2019 qu’Ali Bongo a officiellement créé le poste de Coordinateur général des affaires présidentielles. Le propre fils du Président Ali Bongo et de son épouse Sylvia Valentin, Noureddine Bongo Valentin est alors désigné pour occuper cette fonction. Sa mission était : « assister le président de la République dans la conduite de toutes les affaires de l’État ».
Bongo-fils est alors doté d’un Cabinet composé de six conseillers également assistants de son père. A travers cette nomination, le Président gabonais donnait l’impression de préparer de la relève. Une profonde réorganisation de la Présidence gabonaise qui n’était pas passée inaperçue. D’ailleurs, quelque temps plus tard, cette nomination avait commencé à soulever des vagues. Nous sommes en 2020, les organisations de la société civile gabonaise portent plainte contre Noureddine Bongo Valentin. Mieux, elles exigent que le fils d’Ali Bongo soit entendu par la justice gabonaise.
La raison : la légitimité des avoirs de Nourredine Bongo Valentin en cause. Les organisations de la société civile soupçonnaient le fils d’Ali Bongo d’être le propriétaire d’une très forte somme d’argent. Lesquels montants étaient transportés par des hommes en uniforme. Une affaire qui avait fini par se tasser. Son père étant alors le tout puissant président de la République du Gabon. Bongo-fils était alors intouchable. Jusqu’à la date du 30 août dernier, jour du putsch contre son père.
Le même jour, dans une vidéo-SOS, Ali Bongo appelait à l’aide. Le dirigeant appelait à faire du bruit, « to make noise ». Le Président fraîchement déchu avait, ce jour, déclaré qu’il ne savait pas où se trouvaient son épouse, son fils Nourredine Bongo. Et hier mardi, la justice du Gabon a scellé le sort de celui qui était pressenti pour être le remplaçant de son père. Outre Nourredine Bongo, d’autres caciques de l’ancien pouvoir ont été envoyés en prison.
C’est le cas de Jessye Ella Ekogha, l’ancien porte-parole de la présidence. De même, quatre autres personnes ont été mises en examen, mardi, et placées en détention provisoire. « Tous les chefs d’inculpation lors de leurs arrestations ont été retenus pour leurs mises en examen », a précisé le procureur.
En 2021, la justice française évalue à 150 M€ les biens de la famille Bongo détenus en France.
Pour les biens de la famille Bongo, la Cour d’Appel de Paris a tranché, en févier 2022. il s’agit bien d’un patrimoine acquis frauduleusement. Cette fortune proviendrait « de l’argent issu de détournements de fonds publics et des sommes considérables provenant du délit de corruption des sociétés pétrolières« , notamment Elf Aquitaine aujourd’hui TotalEnergies.
La banque française BNP Paribas est mise en examen, en 2021, pour « blanchiment de corruption et de détournement de fonds publics » dans l’enquête sur le patrimoine de la famille Bongo.
Parmi les enfants d’Omar Bongo dans le viseur de la police française, on trouve en première ligne sa fille, Pascaline Bongo, qui est soupçonnée d’être derrière le coup d’État ayant déposé son frère. Car le nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, n’échappe pas lui non plus au soupçons d’enrichissement personnel, alors qu’il était aide de camp d’Omar Bongo. L’organisation Organized Crime and Corruption Reporting Project a publié une longue enquête sur la famille Bongo où il est, lui aussi, épinglé.
Ali Bongo a été déposé le jour de sa réélection, le 30 août, par le chef de la Garde républicaine. Le général Brice Oligui Nguema dirige actuellement le pays. La priorité du Gabon devrait être le retour au pouvoir d’un Président démocratiquement élu et pas le maintien d’un militaire lié à la famille Bongo. Quant aux biens de la famille, il convient qu’elle revienne évidemment au peuple gabonais.
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