À l’approche de la présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire, la révision de la liste électorale, prévue pour fin 2024, suscite un débat houleux entre le pouvoir et l’opposition, reflétant des divisions politiques profondes.
Alors que la Côte d’Ivoire se prépare pour la présidentielle d’octobre 2025, un débat intense s’est déclenché autour de la révision de la liste électorale. Cette procédure, initialement programmée par la Commission électorale indépendante (CEI) du 30 septembre au 31 octobre 2024, est au cœur des tensions entre le pouvoir et l’opposition. Ce débat met en lumière les divisions profondes qui existent dans le paysage politique ivoirien, et pourrait bien influencer le déroulement des élections à venir.
Le 9 août 2024, un collectif composé de onze partis politiques et organisations de la société civile s’est réuni au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), à Abidjan. Parmi les figures de proue de cette coalition, on retrouve des partis d’opposition majeurs tels que le PDCI et le Parti des peuples africains (PPA-CI). Ce rassemblement, qualifié de « rare moment d’unité » par Georges Philippe Ezaley, vice-président du PDCI, a pour objectif de réclamer une révision plus inclusive et prolongée de la liste électorale.
Simone Ehivet Gbagbo, ancienne première dame et présidente du Mouvement des générations capables (MGC), s’est exprimée au nom du collectif. Elle a souligné deux objectifs principaux : la réforme en profondeur du système électoral et l’extension de la période d’inscription des nouveaux électeurs jusqu’à trois mois avant les élections, soit jusqu’en juillet 2025. Cette demande vise à garantir une élection « inclusive, crédible et transparente ».
La révision de la liste électorale est un enjeu clé en Côte d’Ivoire, où l’histoire récente des élections a souvent été marquée par des contestations et des violences. Pour l’opposition, il est essentiel que le processus d’inscription des électeurs soit ouvert et prolongé afin de permettre à tous les citoyens éligibles de s’enregistrer. En fixant la clôture de la révision à octobre 2024, la CEI, selon l’opposition, limite le droit de nombreux Ivoiriens de participer à ce scrutin décisif.
Derrière ce débat se cache la peur que la restriction de la période d’inscription ne prive une partie significative de la population, notamment les jeunes majeurs, de leur droit de vote. L’opposition craint que cette démarche ne soit une tentative du pouvoir en place de contrôler le corps électoral en amont de la présidentielle.
Face à ces tensions, le collectif appelle à l’organisation d’un dialogue inclusif impliquant toutes les parties prenantes : l’opposition, la société civile et le pouvoir en place. Un tel dialogue serait, selon eux, la clé pour aboutir à des élections pacifiques et légitimes en 2025.
La question reste ouverte : la CEI et le gouvernement céderont-ils à la pression du collectif et prolongeront-ils la période de révision de la liste électorale ? Ou bien maintiendront-ils leur calendrier initial, au risque de voir se cristalliser les divisions et les tensions à l’approche de l’élection présidentielle ?
Une chose est sûre, la bataille autour de la liste électorale ne fait que commencer, et son issue pourrait bien déterminer le visage politique de la Côte d’Ivoire pour les années à venir.
La Rédaction