Un policier angolais a été suspendu mercredi après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo qui a fait scandale, le montrant en train d’abattre sans autre forme de procès un voleur présumé à terre dans les rues de la capitale Luanda.
Filmées par un témoin le 1er juin, ces images montrent un homme couché en bordure de route, apparemment blessé et incapable de se relever, sous la menace d’un agent de la police judiciaire angolaise (SIC) armé d’un fusil d’assaut.
Peu après, un autre policier apparaît et tire à cinq reprises sur l’homme à terre, qui décède rapidement.
Rapidement partagée sur Twitter, la scène a provoqué un vif émoi en Angola. Très rapidement, le ministère angolais de l’Intérieur a expliqué que la victime faisait partie d’un gang de voleurs de voitures traqué depuis la veille par la police.
Il a cependant déploré l’attitude “ignoble” et “injustifiée” de ses agents et annoncé l’ouverture d’une enquête.
Mais ces promesses n’ont pas suffi à éteindre la polémique.
Le policier impliqué “doit être tenu pour pénalement responsable ces actes”, a ainsi estimé l’avocate Zola Bambi, de l’ONG Mains libres. “Il était dans l’exercice de ses fonctions mais n’avait pas le droit de prendre une vie humaine que notre Constitution consacre comme inviolable”.
Mis en cause de toutes parts, le gouvernement a finalement annoncé mercredi que le policier qui avait abattu le voleur présumé avait été suspendu et placé en garde à vue.
“Le dossier a été remis au parquet pour le traitement judiciaire approprié”, a indiqué le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mateus Rodrigues, lors d’une conférence de presse.
“La police angolaise a le devoir de combattre le crime dans les limites du respect de la loi et ceux qui ne le font pas doivent être punis”, a réagi Dewa Mavhinga, le responsable régional de l’ONG Human Rights Watch (HRW).
“Cette apparente exécution de sang-froid impose aux autorités angolaises une enquête rapide et impartiale et des poursuites contre les fautes éventuelles de leurs agents”, a-t-il ajouté.
Dans un rapport publié l’an dernier, le journaliste d’investigation et opposant au régime Rafael Marques avait recensé 92 cas de personnes abattues par la police, qualifiés par lui “d’exécutions sommaires”, entre avril 2016 et novembre 2017, dans les seuls quartiers de Viana et Cacuaco à Luanda.
Le procureur général a annoncé en décembre l’ouverture d’une commission d’enquête qui, à ce jour, n’a fait aucune communication sur son travail.
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