Un rapport récent de NETSCOUT met en lumière une tendance alarmante en Afrique de l’Ouest : la multiplication des attaques DDoS (déni de service distribué) ciblant des infrastructures numériques critiques.
Les pays les plus touchés sont le Ghana, la Guinée et le Nigeria, où les attaques se concentrent sur les secteurs des télécommunications et des services informatiques. Cette hausse des menaces cybernétiques en 2024, particulièrement complexe et diversifiée, révèle la nécessité urgente pour les économies de la région de renforcer leurs défenses.
Le Ghana, premier en nombre d’attaques DDoS en Afrique de l’Ouest, a enregistré 4 753 incidents au premier semestre 2024. Ces attaques se sont particulièrement concentrées sur les entreprises de services informatiques, qui ont subi 2 759 intrusions, et les opérateurs de télécommunications sans fil. Bryan Hamman, directeur régional Afrique chez NETSCOUT, explique que cette intensité d’attaques témoigne d’une volonté délibérée de déstabiliser les infrastructures critiques, particulièrement dans les secteurs qui facilitent l’accès à l’information et les services numériques.
La Guinée, bien que plus connue pour ses secteurs agricoles et miniers, est devenue la deuxième cible des cyberattaques dans la région, avec 2 918 incidents répertoriés. Contrairement au Ghana, les attaques en Guinée visent principalement les télécommunications sans fil, souvent sous la forme d’attaques TCP, indiquant une diversification des méthodes employées par les cybercriminels pour compromettre la disponibilité des réseaux de communication.
Le Nigeria, pôle numérique majeur, est également fortement ciblé avec 2 721 attaques recensées. Contrairement aux autres pays de la région, les attaques au Nigeria sont marquées par une sophistication accrue, impliquant jusqu’à 23 techniques différentes dans un seul incident.
Les secteurs les plus touchés incluent les services informatiques et des cibles plus inattendues, comme les salons de beauté et les entreprises d’hébergement de données. Cette complexité montre une montée en puissance des capacités des cybercriminels, utilisant des vecteurs comme le CLDAP et des amplifications DNS pour maximiser l’impact.
La Côte d’Ivoire et le Liberia ont également été durement touchés, avec respectivement 1 598 et 1 515 attaques, principalement dans le secteur des télécommunications sans fil. Les petites attaques de type DDoS, inférieures à 1 Gbps, échappent souvent à la détection mais peuvent néanmoins paralyser des entreprises locales.
En revanche, des pays comme le Cameroun ont connu des attaques de grande envergure, avec des pics allant jusqu’à 118,05 Gbps, bien supérieurs aux seuils de capacité des infrastructures locales. Hamman explique que dans ces cas, les fournisseurs de services en amont doivent intervenir pour atténuer les attaques, ce qui révèle une dépendance régionale aux solutions de cybersécurité internationales.
Malgré les défis partagés avec les tendances mondiales en matière de cybersécurité, le paysage africain présente des spécificités propres. Selon le rapport de NETSCOUT, bien que l’Afrique de l’Ouest soit moins ciblée que d’autres régions du continent comme le Maroc ou l’Afrique du Sud, la nature des attaques et des cibles en Afrique de l’Ouest reflète une volonté des cybercriminels de perturber les économies numériques en pleine expansion. Ce contexte impose aux pays concernés de mettre en place des défenses adaptées et de développer des stratégies de cybersécurité localisées.
Alors que le Ghana, la Guinée et le Nigeria font face à des attaques sans précédent, cette tendance soulève des inquiétudes pour l’avenir des économies numériques émergentes de la région. Le secteur des télécommunications, particulièrement visé, est l’épine dorsale de la connectivité en Afrique de l’Ouest, jouant un rôle crucial dans la croissance économique.
Une perturbation prolongée de ce secteur pourrait ralentir la progression numérique, affecter les entreprises locales, et limiter l’accès aux services essentiels pour les populations.
Le rapport de NETSCOUT suggère que pour faire face à ces menaces croissantes, les pays d’Afrique de l’Ouest doivent investir dans des solutions technologiques de pointe, mais aussi renforcer la coopération régionale en matière de cybersécurité. Des programmes de formation, des mécanismes de partage d’informations et des partenariats public-privé sont essentiels pour anticiper et atténuer l’impact des cyberattaques sur des infrastructures vitales.
Dans une époque où l’économie numérique devient cruciale, la sécurisation des infrastructures critiques n’est plus seulement une priorité nationale, mais une question de survie pour les économies africaines. Alors que les attaques deviennent plus fréquentes et plus complexes, la résilience des systèmes de cybersécurité en Afrique de l’Ouest est mise à rude épreuve, et les pays devront rapidement s’adapter pour protéger leurs progrès économiques et garantir un avenir numérique stable.
La Rédaction