
C’est un vaste coup de filet contre la criminalité financière venue d’Afrique de l’Ouest qu’Interpol a rendu public mardi 16 juillet. L’opération Jackal III, menée du 10 avril au 3 juillet, a donné lieu selon l’Organisation internationale de police criminelle à 300 interpellations, 720 comptes bancaires bloqués et une saisie d’une valeur de 3 millions de dollars.
Interpol a notamment annoncé le démantèlement d’un « réseau criminel transnational dirigé par des Nigérians » en Argentine, où 72 suspects ont été arrêtés et 1,2 million de dollars saisis en « supernotes », c’est-à-dire en faux billets, au terme de cinq ans d’investigation.
L’opération de police a concerné 21 pays, parmi lesquels la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la France et l’Italie. Parmi les autres résultats annoncés, au Portugal, un réseau nigérian impliqué dans le blanchiment de fonds venus de victimes de fraude financière a également été démantelé.
L’une des organisations ciblées par Interpol lors de l’opération Jackal III est la Black Axe Confraternity (BAC) – la Confraternité de la hache noire. Elle a été fondée dans les années 1970 au Nigeria, dans l’université de Benin City, et rassemblait principalement des étudiants, comme d’autres « cults », nom de ces organisations, à leurs débuts. Celles-ci ont développé des ramifications en Europe à partir des années 2000 et sont aujourd’hui connues pour leurs liens avec la traite de femmes nigérianes dans des réseaux de prostitution.
D’autres activités criminelles sont en jeu : Interpol précise que la BAC est aujourd’hui liée à des opérations « de fraude en ligne, de traite d’êtres humains, de trafic de drogue et de crimes violents », aussi bien en Afrique que sur d’autres continents. Devenue l’un des « cults » les plus importants, elle est depuis plusieurs années sous enquête du FBI. Une investigation conjointe des policiers fédéraux américains et d’Interpol avait mené à l’arrestation de neuf membres présumés de la BAC en Afrique du Sud, en 2021.
L’année suivante, Interpol annonçait le lancement de l’opération Jackal, opération mondiale « expressément dirigée contre Black Axe, qui est en train de devenir une menace majeure pour la sécurité internationale ».
Les répercussions de ces fraudes sont catastrophiques pour les victimes. En Argentine, par exemple, plus de 160 personnes ont subi de lourdes pertes financières. Certaines ont même été contraintes de vendre leur domicile ou de souscrire à des emprunts pour compenser les fonds volés. Les criminels font souvent appel à des passeurs d’argent pour ouvrir des comptes bancaires à travers le monde. Ils compliquent ainsi le suivi des flux financiers illégaux.
Cette opération prouve que les cybercriminels ne peuvent échapper à la surveillance. Ces forces de l’ordre internationales sont constamment à l’affût. En traçant l’argent issu de la criminalité, INTERPOL et ses partenaires s’assurent que les criminels seront poursuivis et traduits en justice, où qu’ils se cachent.
AfriqueDiplo/AFP