La guerre au Yémen oppose principalement des forces progouvernementales, soutenues par une coalition militaire commandée par l’Arabie saoudite, à des rebelles Houthis, appuyés par l’Iran et qui contrôlent la capitale Sanaa et de vastes territoires depuis plus de trois ans.
– Les rebelles Houthis –
Les Houthis sont d’obédience zaïdite, une branche minoritaire du chiisme qui se concentre dans le nord du Yémen et représente environ un tiers de la population. Le mouvement qui les représentent s’appelle Ansaruallah (“Les partisans de Dieu”). Il est dirigé par Abdel Malek al-Houthi, 38 ans.Â
S’estimant marginalisés après l’insurrection de 2011 contre l’ex-président Ali Abdallah Saleh, les Houthis, des combattants aguerris, ont lancé en juillet 2014 une offensive fulgurante depuis leur fief de Saada (nord) et ont conquis totalement Sanaa, la capitale, en janvier 2015 avec la complicité d’unités de l’armée restées fidèles à M. Saleh.
Forts de leur succès, ils ont avancé dans l’ouest, l’est et le centre du pays avant de progresser en direction du sud, poussant le président Abd Rabbo Mansour Hadi à s’exiler en Arabie saoudite. Il avait auparavant fui Sanaa en février 2015 vers la ville sudiste d’Aden.
Fin 2017, des combats ont éclaté entre les partisans de Ali Abdallah Saleh et les Houthis qui l’ont accusé de “trahison” après une ouverture de l’ex-président vers l’Arabie saoudite. Ce dernier a été tué le 4 décembre 2017 par des Houthis.
– Le président Hadi –
Impuissant dans un premier temps face à la rébellion, M. Hadi a pu reprendre l’initiative grâce à l’intervention militaire de la coalition dirigée par Ryad en mars 2015. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont fourni à ses partisans des équipements ultra-modernes et déployé des forces spéciales.
La contre-offensive a permis la reconquête de cinq provinces du sud, puis du détroit stratégique de Bab Al-Mandeb, sur la mer Rouge.
En janvier 2017, une vaste opération du pouvoir est lancée avec l’objectif de reconquérir toutes les zones côtières sur la mer Rouge et de se rapprocher du port de Hodeida et de Sanaa. Mais elle piétine depuis.
Le Mouvement sudiste, qui milite pour la renaissance du Yémen du sud, pays indépendant avant 1990, est engagé dans le camp anti-rebelles mais, en janvier 2018, des forces séparatistes ont affronté les troupes de M. Hadi à Aden, mettant en difficulté le président.
– Coalition dirigée par Ryad –
C’est le 26 mars 2015 qu’une coalition sous commandement de l’Arabie saoudite intervient militairement au Yémen pour rétablir “le gouvernement légitime” de M. Hadi. Trois ans plus tard, cette campagne se poursuit sans succès décisif.
L’Arabie saoudite, les Emirats et Bahreïn, un autre membre de la coalition, accusent l’Iran et le Hezbollah libanais de conseiller et d’armer les Houthis, ce que Téhéran dément.
Washington a aussi fait état de plusieurs transferts d’armes iraniennes vers le Yémen.
Après le tir d’un missile balistique par les Houthis vers Ryad le 4 novembre 2017, l’Arabie saoudite a accusé Téhéran “d’agression directe” pour avoir fourni, selon elle, l’engin aux rebelles.
– Les groupes jihadistes –
– Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), né de la fusion en 2009 des branches saoudienne et yéménite du réseau jihadiste sunnite, a profité de l’affaiblissement du pouvoir central en 2011 pour renforcer son emprise dans le sud et le sud-est du Yémen.
Après le début de la guerre en 2015, Aqpa a continué à mener des attaques à la fois contre les forces progouvernementales mais aussi contre les Houthis. Il a organisé ponctuellement des attaques à l’étranger, comme celle qu’il a revendiquée contre le journal satirique français Charlie Hebdo en janvier 2015.
Les Etats-Unis ont mené de nombreuses frappes aériennes contre les membres d’Aqpa au Yémen.
– Le groupe Etat islamique (EI) a signé ses premiers attentats en mars 2015 contre des mosquées fréquentés par des chiites à Sanaa, dont des miliciens Houthis (142 morts).
Il a ensuite élargi ses opérations au sud s’en prenant aux symboles de l’Etat, notamment à Aden. Il a revendiqué des attentats suicide, particulièrement meurtriers, contre les forces de sécurité.
Par Samira Bensouda