Le Parlement vénézuélien, seule institution du pays contrôlée par l’opposition, a autorisé mardi l’ouverture d’un procès pour corruption contre le président Nicolas Maduro, mais ce vote devrait être sans effet, la justice annulant toutes ses décisions.
Lors d’une séance où la presse n’a pu accéder, empêchée par la police militaire, les parlementaires ont voté pour l’ouverture d’un procès du chef de l’Etat socialiste, accusé d’être impliqué dans le vaste scandale autour du géant brésilien Odebrecht, qui éclabousse une grande partie de l’Amérique latine.Â
“Il existe des arguments suffisants pour continuer le processus judiciaire pour faits de corruption à l’encontre” du président, souligne la résolution approuvée par 105 députés de l’opposition et rejetée par les deux seuls députés du camp présidentiel présents dans l’hémicycle.
“On me lance des pierres mais elles rebondissent”, a dit M. Maduro à la télévision. Sans mentionner son procès, il a évoqué en plaisantant l’un des plus influents parlementaires de l’opposition: “Et (Henry) Ramos Allup a un tas de pierres”.
Le vote devrait rester purement symbolique, car depuis l’installation de ce Parlement à majorité d’opposition début 2016, la Cour suprême, réputée proche de l’exécutif, a déclaré nulles toutes les décisions adoptées par les députés.
L’opposition avait remporté une victoire historique aux législatives de fin 2015, raflant 112 des 167 sièges, mais dans les faits elle n’a jamais vraiment pu exercer ce pouvoir. En outre, depuis juillet, une Assemblée constituante uniquement composée de chavistes a repris l’essentiel de ses prérogatives.
Sur Twitter, le procureur général Tarek William Saab (chaviste, du nom d’Hugo Chavez, président de 1999 à 2013, auquel a succédé M. Maduro) a dénoncé le vote de mardi comme un “spectacle bouffon et immoral”, soulignant qu’il n’a aucune “légitimité”.
La précédente procureure générale Luisa Ortega avait affirmé que la campagne électorale de Nicolas Maduro en 2013 avait reçu de l’argent du groupe Odebrecht. Elle a depuis été destituée et a dû partir en exil.
Le gouvernement vénézuélien, confronté à la pire crise politique, économique et sociale du pays depuis des décennies, est de plus en plus critiqué par la communauté internationale – Washington, l’Union européenne, une grande partie de l’Amérique latine -, qui dénonce sa radicalisation.
Par Vanessa Lima