Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est entretenu mercredi avec son allié ultranationaliste Devlet Bahçeli de la possibilité d’organiser des élections présidentielle et législatives anticipées.
Les deux hommes se sont entretenus pendant une demi-heure en début d’après-midi au palais présidentiel à Ankara, a indiqué une source au sein de la présidence.Â
M. Bahçeli, chef du Parti d’action nationaliste (MHP) et vieux routier de la politique turque, a secoué le pays mardi en appelant à des élections le 26 août, soit plus d’un an avant la date prévue du 3 novembre 2019.
Ce politicien de 70 ans autrefois très critique de M. Erdogan s’est imposé depuis plus d’un an comme l’un des principaux alliés du président turc, avec lequel il a d’ailleurs conclu un accord électoral en vue des prochains scrutins.
Les observateurs s’interrogent sur les raisons ayant poussé M. Bahçeli à réclamer des élections anticipées, alors que lui-même et M. Erdogan ont publiquement rejeté cette option ces dernières semaines.
Le 26 août correspond au jour de de la bataille de Manzikert, en 1071, qui marque l’entrée des Turcs en Anatolie après la victoire du sultan seldjoukide Alp Arslan sur les forces byzantines.
“Même si ce n’était pas l’intention de Bahçeli, sa déclaration rend plus probables des élections anticipées”, explique Özgür Ãœnlühisarcikli, du German Marshall Fund à Ankara, invoquant la “nature auto-réalisatrice” de ces rumeurs, “puisqu’elles créent une pression supplémentaire sur l’économie”.
Pour le chroniqueur du quotidien Hürriyet Abdülkadir Selvi, proche du pouvoir, trois scénarios sont possibles à l’issue de cette rencontre: un accord sur la date du 26 août, la proposition d’une nouvelle date, ou le maintien des élections à la date prévue.
Selon le calendrier, les élections présidentielle et législatives sont prévues simultanément le 3 novembre 2019. Avant cela, un scrutin municipal est prévu en mars de la même année.
Le double scrutin présidentiel et législatif est crucial, car il marquera l’entrée en vigueur de la plupart des mesures renforçant les prérogatives du chef de l’Etat, adoptées lors d’un référendum constitutionnel en avril 2017.
Par Myriam Tayek