Le chef du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, a entamé une grève de la faim, hier, 19 février 2024. Il marque ainsi de façon significative son soutien à la protestation contre la détention des prisonniers politiques en Tunisie. Cette démarche, loin d’être un simple acte symbolique, met en exergue la crise politique et économique qui frappe le pays, tout en accentuant la pression sur le président Kais Saïed.
La Tunisie est secouée, depuis plusieurs mois, par des grèves de la faim organisées par des prisonniers politiques, des militants et des citoyens, qui dénoncent les conditions de détention, l’absence de procès équitables et les violations des droits fondamentaux. L’arrestation récente de plusieurs figures de l’opposition, telles que Jawher Ben Mbarek et Issam Chebbi, a exacerbé la tension et mis en lumière l’état alarmant des libertés dans le pays.
En se joignant à ce mouvement, Ghannouchi ne se positionne pas uniquement en tant que leader politique. Il incarne également la voix des sans-voix, apportant une dimension internationale et donnant une plus forte visibilité à la lutte pour les droits humains en Tunisie. Cette démarche souligne le clivage important qui mine aujourd’hui la Tunisie avec les accusation de népotisme pesant sur Kais Saïed.
La décision de Ghannouchi intervient dans un contexte de crise profonde pour le président Saïed. Pour mémoire, le 25 juillet 2021, lors de la Fête de la République, des milliers de Tunisiens manifestent pour la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple et un changement de régime, en plein pic de la crise sanitaire du Covid-19. Le président Kaïs Saïed réagit en limogeant le gouvernement, suspendant l’Assemblée, et annonçant gouverner par décrets. Une action qualifiée de « coup d’État » par le parti Ennahdha et la majorité des analystes. Des arrestations suivent, notamment de membres de la Coalition de la dignité, exacerbant les tensions politiques et marquant le début d’une période tumultueuse pour la Tunisie.
La mobilisation croissante autour des grévistes de la faim constitue un défi majeur pour l’administration, qui peine à légitimer ses actions aux yeux de la population et de la communauté internationale.
La santé de Ghannouchi, âgé de 82 ans, ajoute une urgence à la situation. La communauté internationale, déjà inquiète de la trajectoire autoritaire de la Tunisie, pourrait intensifier sa pression sur Saïed pour qu’il entame des réformes et libère les prisonniers politiques. La résilience des grévistes de la faim et leur détermination pourraient forcer le gouvernement à reconsidérer sa position.
La grève de la faim engagée par Ghannouchi et d’autres militants est un symbole puissant de résistance face à un régime autoritaire. Elle représente un appel à la conscience non seulement de la Tunisie mais aussi du monde politique international, soulignant l’importance cruciale de la démocratie, de la liberté d’expression et du respect des droits humains. Cette période représente un test décisif pour l’avenir de la Tunisie.
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