
Les professionnels du pain réclament une augmentation de leur marge – les prix étant fixés par l’État, et la fermeture des boulangeries illégales.
Les quelque 3 200 boulangeries tunisiennes devraient rester fermées le 30 septembre, à l’appel de la Chambre nationale des boulangers. Les professionnels réclament une augmentation de leur marge bénéficiaire unitaire, les prix étant fixés par l’État, et exigent la fermeture des boulangeries illégales.
« Nous demandons que le bénéfice sur la vente d’une baguette passe de 6,5 % à 10 %. Nous voulons aussi que l’État passe à l’action pour fermer les 1 000 boulangeries anarchiques qui n’ont pas l’autorisation administrative de vendre. » Les revendications de Mohamed Bouanane, le président de la Chambre nationale des boulangers (qui dépend du syndicat patronal, l’Utica), ont reçu une fin de non-recevoir du côté du ministère du Commerce, son autorité de tutelle, le 29 septembre.
« Nous resterons en grève jusqu’à ce que nous obtenions satisfaction », prévient Mohamed Bouanane qui met en avant l’augmentation du coût de la vie pour justifier la grève. L’annonce couvait depuis cet été, mais le passage à l’acte était à chaque fois reporté au dernier moment : « Cette fois, fini de reculer », affirme le représentant des boulangers.
Augmenter le prix à la vente ou les subventions sur l’achat des farines, deux options écartées par le gouvernement
Le prix du pain est réglementé par le gouvernement, qui fixe également le prix du blé. La baguette, par exemple, coûte 200 millimes, soit 7 centimes euros. Pour satisfaire les boulangers sur la question des marges, l’État pouvait donc décider soit augmenter le prix du pain, soit d’augmenter les subventions sur l’achat des farines. Deux solutions jugées impossibles.
La hausse du prix du pain est un sujet extrêmement sensible dans le pays. En 1983-84, les « émeutes du pain », après la décision d’élever le prix des céréales, avait provoqué la mort d’une centaine de manifestants, obligeant le président de l’époque, Habib Bourguiba, à reculer. De même, le marasme dans lequel se trouve l’économie tunisienne, et spécialement les finances publiques, ne permet pas, selon les autorités, d’augmenter les subventions accordées aux boulangers pour acheter la farine. Les boulanger paient le kilogramme de farine 220 millimes, contre 750 millimes pour un particulier.