Au Togo, plusieurs membres de l’opposition ont été interpellés et gardés à vue. Le gouvernement togolais, qui a entrepris une opération de révision constitutionnelle, semble miser sur l’intimidation pour parvenir à ses fins.
Neuf membres de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), un mouvement d’opposition togolais, ont été arrêtés par la gendarmerie nationale, le 3 avril 2024. Cette vague d’arrestations intervient dans un contexte de tensions politiques accrues autour de la révision constitutionnelle en cours. Une révision qui, si elle est actée, fera passer le pays d’un régime présidentiel à un régime parlementaire.
Le premier groupe a été appréhendé alors qu’il sensibilisait la population au marché d’Akodésséwa sur les implications de la nouvelle loi fondamentale. Le second groupe a été interpellé au domicile de la vice-présidente de la DMK, Mme Amouzou, lors d’une réunion stratégique en vue de contrer le projet de révision. Aucune information officielle n’a été fournie sur les motifs de ces arrestations.
La DMK n’a pas encore publié de communiqué officiel, laissant planer le doute sur les intentions des autorités. Ces arrestations jugées arbitraires suscitent de vives inquiétudes au sein de la société civile et des organisations de défense des droits humains. Elles craignent une volonté du régime de Faure Gnassingbé de museler l’opposition et de l’empêcher de s’exprimer librement sur l’importante question de la révision constitutionnelle enclenchée.
L’ombre de l’intimidation plane sur le Togo. La liberté d’expression et de réunion, pourtant garantie par la Constitution, semble menacée. D’où l’appel lancé par la société civile togolaise à la communauté internationale afin qu’elle se mobilise pour faire pression sur le gouvernement togolais. L’objectif étant de faire respecter les droits fondamentaux de ses citoyens et d’engager un dialogue inclusif sur l’avenir du pays.
Pour le moment, la situation reste tendue au Togo. La population observe avec attention les développements et attend des réponses claires de la part des autorités. Votée par le Parlement togolais, lundi 25 mars 2024, la loi portant adoption d’une nouvelle Constitution ne passe pas. Vendredi dernier, le Président Faure Gnassingbé, ce dernier l’a renvoyé pour une deuxième lecture à l’Assemblée nationale.
« Toute chose étant perfectible, et au regard de l’intérêt suscité au sein de la population par le texte, depuis son adoption, le président de la République a demandé, ce jour, à la présidente de l’Assemblée nationale de faire procéder à une deuxième lecture de la loi adoptée », a déclaré la Présidence togolaise dans un communiqué. Dans la foulée de la révision constitutionnelle, les élections ont été reportées sine die.
En réaction aux voix de l’opposition, le bureau du président a annoncé mercredi des consultations à l’échelle nationale sur la révision de la constitution et a retardé les élections législatives et régionales initialement prévues le 20 avril.
Plusieurs partis ont condamné cette décision et appelé à manifester les 11, 12 et 13 avril. “Le corps électoral ayant été convoqué par décret, il n’est pas possible de suspendre la campagne électorale et de reporter les élections au moyen d’une simple annonce”, ont-ils déclaré jeudi dans un communiqué.
Les voix de l’opposition se font de plus en plus fortes au Togo, producteur de phosphate à propos d’une réforme constitutionnelle qui pourrait changer la manière dont le président est élu. La nouvelle constitution ne prendait pas en compte le temps déjà passé au pouvoir, qui pourrait permettre à Faure Gnassingbé de rester au pouvoir jusqu’en 2031 s’il est réélu en 2025.
Guylain Gustave Moke
Analyste Politique