Les Togolais ont commencé à voter lundi matin pour élire députés et conseillers régionaux, un scrutin qui se tient juste après une réforme éclair de la Constitution destinée selon l’opposition à maintenir le président Faure Gnassingbé au pouvoir.
Ce double scrutin législatif et régional intervient dans un climat politique très tendu après l’adoption, le 19 avril, d’une nouvelle Constitution selon laquelle le président sera élu pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois, par les députés, et non plus directement par les électeurs. Le prochain scrutin présidentiel au suffrage universel direct, qui était prévu en 2025, n’aura donc pas lieu.
Le pouvoir résidera désormais entre les mains du président du conseil des ministres, une sorte de super-Premier ministre qui sera obligatoirement “le chef du parti majoritaire” à l’Assemblée nationale. Le chef du parti vainqueur des élections sera nommé à cette nouvelle fonction. Si le parti au pouvoir UNIR gagne, M. Gnassingbé pourrait assumer ce nouveau poste immédiatement.
 Au total, 113 députés à l’Assemblée nationale doivent être élus, mais aussi pour la première fois, 179 conseillers régionaux qui – avec les conseillers municipaux – désigneront le Sénat nouvellement créé. Les élections régionales seront, elles, les premières dans ce pays divisé en cinq régions. Selon le code électoral, les résultats provisoires au plan national seront proclamés par la Commission électorale “au plus tard dans les six jours qui suivent le scrutin”.
A l’approche du scrutin, Les mesures répressives se multiplient. Le 3 avril, neuf membres de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) ont été arrêtés sous l’accusation de « troubles graves à l’ordre public ». Ces arrestations sont intervenues dans le cadre de leur engagement contre les modifications constitutionnelles. Le 25 avril, une tentative de sit-in pacifique devant la Cour constitutionnelle a été interdite pour des raisons bureaucratiques mineures, illustrant une restriction continue de l’espace civique.
L’histoire politique du Togo est marquée par le contrôle prolongé de la famille Eyadéma. Gnassingbé Eyadéma, arrivé au pouvoir en 1967 suite à un coup d’État, a gouverné le Togo d’une main de fer jusqu’à sa mort en 2005.
Son fils, Faure Gnassingbé, lui a succédé dans des circonstances controversées, perpétuant un régime souvent critiqué pour son manque de démocratie et son traitement des opposants politiques. Malgré des promesses de réformes démocratiques, le régime actuel semble continuer dans la voie de la consolidation du pouvoir, à travers des modifications constitutionnelles.
Le Togo, un pays ouest-africain de 8,8 millions d’habitants coincé entre le Bénin et le Ghana, est dirigé par la famille Gnassingbé depuis les années 1960 : l’actuel président, Faure Gnassingbé, est arrivé à la tête de l’Etat en 2005 à la suite de son père, Eyadéma Gnassingbé, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant près de 38 ans.
Les Togolais, dont près de 60% ont moins de 25 ans, vivent toujours dans une situation de grand dénuement matériel, notamment dans les zones rurales, même si le taux de pauvreté a diminué de 60% en 2006 à 40% en 2023, selon la Banque mondiale.
L’économie togolaise reste stable avec une croissance annuelle autour de 5%, principalement tournée vers les services, notamment avec le port autonome de Lomé, et l’agro-industrie. Des investissements ces dernières années ont permis d’améliorer les infrastructures routières et aéro-portuaires.
Par Guylain Gustave Moke
Analyste Géopolitique Africain