La loi portant révision de la Constitution togolaise votée à l’Assemblée nationale est renvoyée au Parlement pour une deuxième lecture. C’est la demande formulée, par le Président Faure Gnassingbé.
La loi portant adoption d’une nouvelle Constitution en République togolaise votée par le Parlement togolais, lundi 25 mars 2024,, ne passe pas en l’état. Arrivé, jeudi, sur la table du Président Faure Gnassingbé, ce dernier l’a renvoyé pour une deuxième lecture à l’Assemblée nationale.
L’annonce a été faite à travers un communiqué publié, vendredi soir, par la Présidence togolaise. « Toute chose étant perfectible, et au regard de l’intérêt suscité au sein de la population par le texte, depuis son adoption, le président de la République a demandé, ce jour, à la présidente de l’Assemblée nationale de faire procéder à une deuxième lecture de la loi adoptée ».
Selon des sources de l’AfriqueDiplo, le gouvernement américain aurait demandé “clairement” au chef de l’Etat togolais que “la situation actuelle soit réglée pacifiquement et démocratiquement“.
Depuis l’adoption de cette loi qui refond totalement les institutions togolaises, faisant passer le pays d’un régime semi-présidentiel à un régime parlementaire et créant par là même la Ve République, l’opposition, la société civile et l’ensemble des forces vives togolaises manifestent vivement leur désapprobation.
Des rencontres se multiplient et des déclarations s’enchaînent. « Nous, évêques catholiques du Togo, venons, par la présente déclaration, exhorter le chef de l’État à surseoir à la promulgation de la nouvelle Constitution et à engager un dialogue politique inclusif, après les résultats des prochaines élections législatives et régionales », avaient laissé entendre les évêques togolais, mardi dernier.
Dans la journée du vendredi, des universitaires, des intellectuels, des artistes, des personnalités politiques et autres acteurs de la société civile ont, dans un « appel citoyen », demandé à leurs compatriotes de se mobiliser pour « rejeter cette forfaiture ». Dans la même déclaration, ils ont invité le Président Faure Gnassingbé à « arrêter le processus en cours pour le bien de notre pays ».
Arrivé à la tête du Togo, en 2005, après la mort de son père, Gnassingbé Eyadéma, qui régentait le pays depuis 1967, Faure Gnassingbé cumule actuellement quatre mandats en tant que président de la République.
Au Togo, toutes les élections présidentielles organisées depuis l’avènement de la démocratie en 1990 ont été contestées par l’opposition, avec des vagues de violences notamment lors du scrutin présidentiel d’avril 2005.
En 2019, une modification de la Constitution limitait le nombre de mandats du président de la République à deux, tout en remettant les compteurs à zéro pour Faure Gnassingbé qui a pu briguer sa propre succession en 2020 et aurait pu se présenter pour un dernier mandat de cinq ans en 2025.
En entrant dans une nouvelle République, les compteurs, comme par le passé, seront à nouveau remis à zéro pour le premier des Togolais qui pourra s’offrir un nouveau mandat pour l’instant unique de six ans. La garantie d’être en place jusqu’en 2036 au moins, à 70 ans.
Après 70 ans, on peut se faire une nouvelle jeunesse et pourquoi pas un nouveau mandat pour finir les œuvres entamées et non achevées. Après tout, pour la bonne cause, il suffira juste de retoucher une nouvelle fois la Constitution et sauter les verrous placés pour la forme, aujourd’hui. C’est la loi du plus fort. Et le feuilleton continuera tout simplement. Sauf cataclysme.
AfriqueDiplo