La journée “ville morte” pour protester contre les mesures antisociales du gouvernement, à l’appel de la société civile et de l’opposition, n’a pas été suivie lundi à N’Djamena où une grève paralyse le secteur public depuis fin janvier, a rapporté un journaliste de l’AFP.
Les principaux marchés de la capitale tchadienne ont connu la même affluence que d’habitude, le quartier des banques et des affaires en centre-ville a fonctionné normalement tout comme la circulation routière, a-t-il ajouté
En revanche, la grève du secteur public continue, avec des écoles fermées et des hôpitaux assurant un service minimum.
“Nous n’allons pas suivre les politiciens, nous aussi nous avons des enfants a nourrir”, a estimé Mahamat Issa, la quarantaine, commerçant au marché central de N’Djamena.Â
“Les partis politiques ne se mettent jamais en première ligne et cherchent a récupérer les actions des autres. Qui va les suivre?”, abonde Jules Nestor, un enseignant en grève.
“Si je reste à la maison je vais gagner quoi ?”, s’interroge une marchande de légumes au marché central.
Le Tchad, auquel le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a réaffirmé son soutien dans la lutte contre le jihadisme durant une visite lundi, est en proie à des tensions sociales et politiques. Elles sont montées d’un cran depuis janvier, après la mise en place de nouvelles mesures d’austérité touchant principalement les fonctionnaires.
Le secrétaire général de la branche régionale de Mandoul (sud) du principal parti d’opposition tchadien, l’UNDR, Gokam Djassibaye, a été interpellé lundi matin à Koumra (sud) à la suite de la récente mise à sac de locaux du parti au pouvoir, en marge d’une “opération tintamarre” de casseroles dans cette ville de 50.000 habitants, a indiqué l’UNDR dans un communiqué. Il est interrogé “de façon musclée” et a subi des “tortures diverses”, affirme le parti.
Le bureau du parti au pouvoir, le MPS, de la ville de Doba (sud), a également été saccagé, selon une source sécuritaire tchadienne.
Par ailleurs, le coordonnateur local de l’ONG Association pour la récupération et la réinsertion des enfants en détresse, Madjyera Alkoua, accusé d’avoir appelé à l’opération “ville morte”, a été arrêté dimanche à Koumra et libéré lundi, selon l’UNDR.
“Les syndicalistes font l’objet de vexations par l’ANS (Agence nationale des renseignements) qui les interroge et les relâche” à la suite des manifestations, a indiqué à l’AFP le chef de l’UNDR, Saleh Kebzabo.
AFP