
Trois opposants ont été “enlevés” à Doba, dans le sud du Tchad, par l'Agence nationale de sécurité (ANS) et sont détenus au secret, a affirmé leur parti, information démentie par le ministre de la Sécurité.
“Dans la nuit du 17 mars, ils ont été enlevés (et emmenés vers) une destination inconnue par les services de l'Etat alors qu'ils se trouvaient au commissariat de Doba”, a déclaré au téléphone à l'Afrique Diplo Joseph Dadjnadji, président du parti Cadre d'action populaire pour la solidarité et l'unité de la République (CAP-SUR).Â
“Nous ne savons pas où ils sont, on est en train de les chercher et nous sommes vraiment inquiets”, a ajouté cet ancien Premier ministre du président Idriss Déby, interrogé depuis Libreville.
Le ministre de la Sécurité, Ahmat Mahamat Bachir, joint au téléphone depuis Libreville, a démenti ces propos. “Personne ne peut être enlevé ou séquestré. Si un citoyen commet une infraction, il passe devant le juge”, a-t-il dit.
Les personnes “enlevées” sont deux membres du parti CAP-SUR, dont son président régional à Doba, Meschak Ngarsoulede, ainsi qu'un collaborateur d'un autre parti d'opposition.
Il leur est reproché être les auteurs d'un tract appelant la population de Doba à la révolte et à tuer “les autorités”, selon le président du parti.
“C'est un coup monté contre eux, ils ne sont pas les auteurs de ce document. A la découverte de ce tract, ils ont donc porté plainte contre X au commissariat de Doba. C'est là qu'ils ont été gardés à vue, puis enlevés par l'ANS pour une destination inconnue”, a ajouté M. Dadjnadji.
Le principal parti d'opposition, l'Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR) a par ailleurs dénoncé dans un communiqué de presse mi-mars la “torture” de certains de ses militants arrêtés et ensuite relâchés.
Ces allégations de “torture” ont été qualifiées de “mensongères” par le ministre de la Sécurité.
Au Tchad, l'ANS “bafoue souvent le droit tchadien”, selon Amnesty international qui a publié un rapport en septembre dernier y dénonçant “la répression (…) en grande partie” orchestrée par ce service de l'Etat.
“Le mandat de l'ANS a été élargi en janvier 2017: ses agents peuvent désormais arrêter des défenseurs des droits humains pour des motifs liés à la sécurité nationale. L'ANS arrêtait et détenait déjà illégalement des personnes dans des lieux non officiels, où elles étaient coupées de leur famille et de leur avocat”, ajoute Amnesty.
Par Idriss Tourré