Les regards du monde entier sont tournés vers Singapour avec une même interrogation: le président américain, 71 ans, qui a accepté à la surprise générale de rencontrer l’héritier de la dynastie des Kim, de plus de trente ans son cadet, réussira-t-il là où tous ses prédécesseurs ont échoué ?
Le tête-à -tête entre les deux hommes, absolument inimaginable il y a quelques mois lorsqu’ils étaient engagés dans une surenchère verbale faisant craindre le pire, est prévu mardi matin dans un hôtel de luxe de la cité-Etat asiatique.
En jeu, les ambitions atomiques de Pyongyang, sous le coup de sanctions internationales draconiennes imposées au fil des années et des crises par le Conseil de sécurité de l’ONU.Â
Dans un compte-rendu du déplacement de l’homme fort de Pyongyang, l’agence nord-coréenne KCNA a évoqué l’avènement d’une “ère nouvelle”, confirmant que la dénucléarisation mais aussi “un mécanisme de maintien de la paix permanent et durable dans la péninsule coréenne” seraient au menu du sommet.
Un haut responsable américain a vu dans cette formulation “un message d’optimisme”.
En 1994 puis en 2005, des accords avaient été conclus mais aucun d’entre eux n’a jamais été réellement appliqué, et la Corée du Nord a multiplié depuis 2006 les essais nucléaires et balistiques, jusqu’à la dangereuse escalade de l’an dernier.
Difficile á priori d’imaginer deux personnes plus différentes que Donald Trump et Kim Jong Un, qui se retrouvent mardi pour une rencontre aussi historique qu’improbable. Mais, à y regarder de plus près, leurs points communs sont nombreux.
Le milliardaire américain, qui fêtera ses 72 ans deux jours après le sommet, était quand il a pris ses fonctions le président des Etats-Unis le plus âgé de l’histoire.
Trentenaire dont l’âge précis est incertain, le leader nord-coréen demeure quant à lui l’un des dirigeants les plus jeunes au monde, sachant qu’il a déjà six ans d’expérience. Il a été l’artisan d’une fulgurante accélération des programmes atomique et balistique de son pays, au point d’être désormais en mesure d’envoyer un missile sur le territoire continental américain.
Une prouesse qui a aggravé les tensions entre Washington et Pyongyang, deux capitales qui échangeaient encore il y a quelques mois des menaces d’apocalypse nucléaire, tandis que leurs dirigeants rivalisaient d’insultes.
Avant d’entrer à la Maison blanche, Donald Trump a réussi dans l’immobilier puis dans la télé réalité, et surpris tout le monde avec une campagne populiste sur laquelle personne n’aurait initialement parié.
Le contraste ne pourrait être plus grand avec Kim Jong Un, l’héritier élevé pendant des années dans le seul but de succéder à son père et son grand-père au sommet de la pyramide du pouvoir, un dirigeant qui n’a pas à se soucier de la prochaine élection, des “unes” des journaux ou du pouvoir de Twitter.
En rencontrant Kim, Trump mise sur son instinct et ses talents autoproclamés de négociateur hors pair. Mais alors que son administration laissait miroiter un accord historique le 12 juin, elle s’est dernièrement évertuée à faire retomber les attentes, évoquant le début d’un “processus” inédit.
Par ailleurs, le sommet, qui offre une visibilité internationale au leader d’un régime cloîtré dont les déplacements à l’étranger se comptent sur les doigts d’une main, est déjà vu comme une concession de taille de la part des Etats-Unis.
Afrique Diplo