Après son interpellation à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, Juan Branco a été acheminé à Dakar. Entendu à la division des investigations criminelles, l’avocat français va passer sa première nuit en prison.
Juan Branco, a été arrêté, samedi, près de Rosso, localité située à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie. Le ressortissant français tentait de quitter le Sénégal à bord d’une pirogue, dans la nuit de vendredi à samedi. Il se serait déguisé en pêcheur pour tenter de gagner un aéroport mauritanien, avant de rejoindre la France. Sauf qu’il sera arrêté et conduit dans la capitale sénégalaise, Dakar, selon l’APS.
Juan Branco serait entré au Sénégal, en fin juillet, en passant par les frontières avec la Gambie, après l’arrestation récente de son client, l’opposant Ousmane Sonko. Le Sénégal a émis un mandat d’arrêt international à l’encontre de Juan Branco. Ce, après que le procureur de la République a révélé « des éléments d’infractions pénales » après avoir « examiné ses déclarations, ses publications sur les réseaux sociaux et ses écrits ».
Juan Branco a saisi la Cour pénale internationale pour l’ouverture d’une enquête contre le Président sénégalais Macky Sall. Ce, à la suite des manifestations ayant fait plusieurs morts, en juin, après la condamnation de Sonko. L’avocat a également déposé une plainte auprès d’un tribunal de Paris. Il accusait les autorités sénégalaises de commettre des crimes contre l’humanité. Ce qui lui a valu des poursuites.
En effet, le 14 juillet, la justice sénégalaise avait annoncé avoir ouvert une enquête judiciaire et requis un mandat d’arrêt contre Juan Branco. Le parquet s’appuyait sur ses écrits et ses propos. Une procédure qui avait soulevé l’indignation chez les avocats d’Ousmane Sonko, qui, à l’époque, dénonçait « une dérive de cette nature à l’encontre de notre confrère Juan Branco ».
Pour le collectif, le seul tort de Me Branco est « d’avoir dénoncé, à la demande de proches de victimes, des crimes graves supposés commis au Sénégal, d’avoir saisi les juridictions compétentes pour juger et condamner toutes les personnes sur qui pèsent des présomptions. Me Branco a récemment créé la surprise en s’affichant dans une conférence de presse de la défense de Sonko. Il a donc été arrêté samedi et passera sa première nuit en prison.
L’arrestation de Me Branco passe mal, au Sénégal et en France, notamment chez les conseils juridique de la robe noire. Dans un document signé à Paris, le 5 août 2023, ses avocats dénoncent la procédure et interpellent au Sénégal et à l’international. Voici le communiqué cosigné par Me François Gibault, Me Luc Brossolet, Me Alexandre Ursulet et Me Robin Binsard, Alexandre Ursulet et Me Robin Binsard.
« Nous avons été informés de la remise de notre confrère Juan Branco aux autorités sénégalaises par les autorités mauritaniennes, alors que celui-ci s’était rendu dans ce pays régulièrement et en vue d’échapper à la persécution politique qui lui avait été promise au Sénégal.
Nous déplorons vivement cette remise, qui méconnaît les règles de droit international, et expose notre confrère Juan Branco à de graves violations de ses droits humains.
Aucun avocat ne devrait être inquiété en raison de l’exercice de sa profession, où qu’il soit dans le monde, quelle que soit la défense qu’il a choisie, et quelle que soit la personnalité de ses clients. C’est la sauvegarde des droits de la défense qui est en jeu.
Le combat judiciaire que mène notre confrère Juan Branco pour son client M. Ousmane Sonko ne justifie en aucun cas la persécution politique dont il fait l’objet à Dakar.
Nous exercerons toutes les voies de droit adéquates pour mettre fin aux procédures menées contre Juan Branco au Sénégal, qui relèvent d’une instrumentalisation pure et simple du code pénal à des fins politiques.
Nous appelons toutes les autorités françaises, espagnoles, et, bien sûr, sénégalaises, à réagir en vue de permettre la remise en liberté de notre confrère Juan Branco ».
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