En pleine détente spectaculaire dans la péninsule coréenne, Pyongyang cherche à s’assurer du soutien de l’un de ses principaux alliés: le chef de la diplomatie nord-coréenne, Ri Yong Ho, doit être reçu mardi à Moscou par son homologue russe Sergueï Lavrov.
Cette visite en Russie intervient sur fond d’un important rapprochement intercoréen depuis les jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud, en février suivi d’un ballet diplomatique encore inimaginable il y a quelques mois, quand Kim Jong Un et Donald Trump s’échangeaient menaces et invectives.
Après une visite historique à Pékin fin mars, le leader de la Corée du Nord, Kim Jong Un, doit rencontre le président de la Corée du Sud, Moon Jae-in, le 27 avril dans la zone démilitarisée qui divise la péninsule.Â
Ce sommet doit précéder une rencontre prévue d’ici fin mai ou début juin entre le dirigeant nord-coréen et le président américain. Les modalités de cette rencontre historique sont encore en discussion, mais son annonce a mis un terme à des mois de propos belliqueux réciproques.
“Il est très important pour les Coréens de s’assurer du soutien des Russes et de solidifier les bases” de leurs relations dans ce contexte, explique Alexandre Vorontsov, responsable de la Corée à l’Institut des études orientales de l’Académie russe des sciences.
“La Russie a gardé des relations de travail normales avec la Corée du Nord dans les moments difficiles, et il est important pour Pyongyang d’obtenir la compréhension de la Russie avant ces deux sommets historiques”, ajoute-t-il.
Ri Yong Ho est arrivé dans la capitale russe lundi et doit s’entretenir mardi avec son homologue russe du “développement du dialogue politique et de la coopération économique et commerciale” entre les deux pays, a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué.
La Russie “soutient les démarches des autorités nord-coréennes visant au rapprochement intercoréen, la normalisation des relations entre les deux Corées et l’établissement d’un dialogue direct avec les Etats-Unis“, a-t-elle précisé.
– Travailleurs nord-coréens –
Plusieurs hauts responsables ou émissaires de Pyongyang se sont rendus en Russie ces dernières années, mais jamais un ministre de l’envergure de Ri Yong Ho.
La dernière visite d’un officiel nord-coréen à Moscou remonte à septembre, quand une haute responsable du ministère des Affaires étrangères avait été accueillie au siège de la diplomatie russe à Moscou pour des “consultations”, sur fond de crise nucléaire entre Pyongyang et Washington.
Kim Jong Un aurait dû se rendre à Moscou en mai 2015 pour les commémorations des 70 ans de la victoire des Alliés dans la Seconde guerre mondiale, mais il y avait renoncé quelques jours avant l’événement.
Ri Yong Ho s’était rendu début avril à Pékin, quelques jours après la visite surprise en Chine du dirigeant suprême de Corée du Nord, Kim Jong Un, son premier déplacement hors de son pays depuis son arrivée au pouvoir en 2011.
L’un des sujets abordés lors de sa visite à Moscou devrait être la situation des travailleurs nord-coréens présents en Russie.
La Russie, qui délivre chaque année entre 12.000 et 15.000 visas à des citoyens nord-coréens, a affirmé en février avoir commencé à les renvoyer dans leur pays, en application des sanctions adoptées fin décembre 2017 par le Conseil de sécurité de l’ONU.
“C’est une question importante pour la Corée du Nord. La Russie a réussi à espacer les renvois sur une période de deux ans, mais tout n’est pas simple. Il faut établir de nouveaux quotas et c’est tout une série d’accords” à trouver avec Pyongyang, explique M. Vorontsov.
Quelque 35.000 Nord-Coréens travaillent en Russie, essentiellement dans la construction, l’agriculture et l’industrie poissonnière. Si leur travail génère de précieuses devises pour leur pays d’origine, ils travaillent dans des “conditions proches de l’esclavage”, selon l’ONU.
Par Oana Tomescu