Sous pression américaine, Kigali et Kinshasa ont signé, le 4 décembre, un accord de paix présenté comme « historique » par Donald Trump. Derrière la mise en scène diplomatique, la méfiance reste palpable entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi, et les combats se poursuivent dans l’Est congolais.
Donald Trump a présidé, jeudi 4 décembre, à Washington, une cérémonie de signature d’un accord de paix avec ses homologues congolais et rwandais, dans un bâtiment renommé en son honneur, alors même que d’intenses combats se déroulent dans l’est de la République du Congo.
« Cela va être un grand miracle », a dit le président américain, en vantant un accord « puissant et détaillé », tandis que les présidents de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, et du Rwanda, Paul Kagame, ont eu une tonalité plus prudente.
« C’est un grand honneur », s’est réjoui Donald Trump, qui se targue d’être un grand pacificateur même si ses interventions dans divers conflits internationaux ont eu des résultats contrastés. Paul Kagame a salué sa médiation « pragmatique », tout en avertissant qu’il y aurait « des hauts et des bas » dans l’application de l’accord. Félix Tshisekedi a lui aussi remercié le républicain de 79 ans pour avoir amené les deux pays à un « tournant », et a salué « le début d’un nouveau chemin », en avertissant toutefois que celui-ci serait « exigeant » et « assez difficile ». 
L’accord de paix, conclu par les deux pays africains fin juin à Washington et qui n’a pas permis de faire taire les armes, vise à mettre un terme à la guerre sanglante dans l’est de la RDC, région frontalière riche en ressources naturelles et théâtre de conflits armés depuis trois décennies. Les violences se sont intensifiées depuis janvier avec la prise des grandes villes de Goma et Bukavu par le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda.
Les accords signés jeudi comportent trois volets:
Le premier porte sur la cessation des hostilités, avec l’instauration d’un cessez-le-feu, un programme de désarmement, un processus de retour des personnes déplacées et des mesures de « justice » contre les responsables d’exactions, selon Donald Trump.
Le second volet est un cadre d’intégration économique régionale. Le dernier pan porte sur la conclusion d’accords bilatéraux des Etats-Unis avec chacun des deux pays sur l’exploitation de minerais stratégiques, indispensables aux industries de pointe et dont la RDC en particulier regorge.
Depuis février 2025, Kinshasa et Washington discutent d’un partenariat inédit : un accès préférentiel des États-Unis aux minerais critiques congolais en échange d’investissements dans les infrastructures, la sécurité et la transition énergétique. Un deal présenté comme « gagnant-gagnant ».
Cet accord pourrait inscrire la RDC dans une nouvelle matrice économique : celle d’une Afrique au service de la révolution technologique mondiale — batteries électriques, intelligence artificielle, énergies vertes. Ironie tragique : alors que le monde se « décarbone », la RDC risque de se « re-minéraliser »… dans la dépendance.
Pour le président Tshisekedi, ce partenariat américain pourrait être un levier de légitimation internationale, alors que son régime est confronté à un mécontentement croissant, des scandales financiers à répétition et un front sécuritaire hors de contrôle.
Certains analystes évoquent une stratégie de « sécurisation du régime » par la diplomatie des ressources : livrer l’accès aux minerais contre une forme de parapluie politique occidental. Une sorte de « plan Marshall inversé », où la ressource finance la stabilité… mais pas forcément celle du peuple.
la RDC, dépositaire de près de 70 % du cobalt mondial et d’immenses réserves de lithium et de coltan, est-elle en train de négocier sa renaissance ou son assujettissement sous un drapeau différent — celui des multinationales américaines et de la géopolitique verte ?
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