La province du Nord-Kivu à l’est de la RDC sort d’une semaine particulièrement sanglante en raison des attaques des ADF dans diverses localités. Un bilan horrible de plus de 80 morts.
Ce lundi, le gouvernement congolais a publié un communiqué pour condamner les assauts meurtriers perpétrés, vendredi, par les rebelles ADF contre les localités de Masala, Mahihi et Keme en territoire de Beni (province du Nord-Kivu). « Le rapport transmis par le gouverneur militaire, qui a dépêché une mission urgente sur place, fait état de : 39 personnes tuées à Masala et Mahihi ; 2 personnes tuées à Keme », lit-on dans le communiqué. Au-delà des morts, on dénombre 9 blessés et d’importants dégâts matériels.
Cette nouvelle tuerie vient alourdir le bilan macabre des attaques répétées perpétrées par ce groupe rebelle dans la région depuis mardi dernier. Au total, au moins 82 personnes ont été abattues par ces rebelles. Dans le village de Massawu, 17 personnes sont tombées sous les armes des éléments ADF, le mardi 4 juin 2024. Dans la seule journée du jeudi dernier, 5 cadavres ont été découverts dans les villages de Kabweli et Mamulese, et 6 autres corps ont été repêchés de la rivière Loulo, dans le village de Mununze.
Vendredi, jour de l’attaque des villages cités par le communiqué gouvernemental, 13 corps avaient été retrouvés dans le village de Makobu. Ces 13 personnes ont été décapitées la veille alors qu’elles étaient en train d’exécuter des travaux communautaires dans le village de Makobu.
Le bilan pourrait davantage s’alourdir puisque les recherches de corps se poursuivent. Tout en présentant ses condoléances aux familles éplorées, le gouvernement de la RDC assure les populations de « sa détermination à poursuivre sans relâche les opérations de traque de ces terroristes, lesquelles ont permis de neutraliser plusieurs d’entre eux, et de libérer un bon nombre d’otages civils ».
Les Allied Democratic Forces (ADF) sont un groupe rebelle ougandais créé vers le milieu des années 1990 et qui s’est, par la suite, affilié à l’Organisation État islamique. Installées dans l’est de la RDC depuis près de trois décennies, les ADF font partie des groupes armés les plus meurtriers dans le pays et arrivent à résister aux assauts conjoints des Forces armées congolaises (FARDC) et de l’armée ougandaise. Ils sèment la mort et la désolation non seulement dans la province du Nord-Kivu, mais également dans la province voisine de l’Ituri. Particulièrement cruels, ces rebelles n’hésitent pas à égorger ou charcuter leurs victimes ou à les tuer par balles.
algré les opérations militaires conjointes « Shujaa » lancées par les armées congolaise et ougandaise, les exactions des ADF se poursuivent. Henry-Pacifique Mayala, coordonnateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, explique que l’intensification des opérations a provoqué une migration des combattants ADF vers des zones comme Mangina. Les Forces armées de la RDC (FARDC) peinent à contenir cette migration, ce qui permet aux rebelles de poursuivre leurs attaques meurtrières.
Face à la menace constante des ADF, les habitants des villages attaqués fuient massivement leurs foyers. Environ 85 % des villageois de Cantine, par exemple, ont quitté leurs maisons pour se réfugier dans des zones supposées plus sûres, notamment à Beni. Cette fuite massive complique encore la situation humanitaire déjà critique dans la région, où les populations locales vivent dans une peur permanente.
Les attaques des ADF ont des conséquences dévastatrices non seulement en termes de pertes humaines, mais aussi sur le plan économique et social. Les rebelles cherchent à s’emparer des ressources locales, telles que les mines et les plantations de cacao, pour financer leurs activités criminelles. La présence de ces groupes armés menace la stabilité et le développement de toute la région.
Alors que les opérations militaires conjointes entre la RDC et l’Ouganda n’ont pas encore réussi à éradiquer la menace des ADF, des questions se posent sur l’efficacité de la stratégie actuelle. Les partenaires internationaux et les organisations de défense des droits humains appellent à une réévaluation des approches pour mieux protéger les civils et stabiliser la région.
Les événements récents soulignent la nécessité d’une action concertée et plus efficace pour lutter contre les ADF. Les autorités congolaises, en collaboration avec la communauté internationale, doivent renforcer les mesures de sécurité et offrir une protection accrue aux populations vulnérables. Des solutions durables doivent être trouvées pour mettre fin à ce cycle de violence et restaurer la paix dans l’est de la RDC.
Le Nord-Kivu reste plongé dans une incertitude inquiétante, avec des communautés entières vivant dans la crainte constante d’une nouvelle attaque. La route vers la paix et la stabilité semble encore longue, mais elle est plus que jamais nécessaire pour les habitants de cette région meurtrie.
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