Dans un rapport publié ce mercredi 25 avril, la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo révèle la découverte de charniers dans le territoire de Djugu dans l’Ituri.
Une mission d’enquête sur des affrontements entre les communautés Hema et Lendu, qui ont eu lieu en décembre 2017, a dénombré au moins 263 morts, dont 91 femmes, 120 villages pillés et l’existence de 5 fosses communes à Blukwa Centre et Maze Waliba, creusées par les proches des victimes pour rapidement enterrer les morts et éviter les problèmes sanitaires.Â
D’après l’ONU, la majorité des victimes est de l’ethnie Hema. Les enquêteurs étaient sur place du 14 au 22 mars. Mais leur bilan reste provisoire car la situation est toujours tendue et les déplacements massifs de population rendent les investigations difficiles. Une enquête plus approfondie doit être lancée.
« Dans le rapport, nous avons mentionné l’existence de cinq fosses communes qui en réalité sont des tombes communes qui ont été créées pour enterrer les victimes. Certaines ont eu à faire face à une violence inouïe, des décapitations et des mutilations. Ce qui ressort de notre évaluation, c’est qu’évidemment les attaques étaient assez bien organisées et assez coordonnées. Ce qui laisse penser qu’il y a un certain délai d’organisation. Pour le reste, à l’heure actuelle, il est trop tôt pour nous de pouvoir dire concrètement s’il s’agissait d’un groupe armé, d’une milice armée. Donc nous continuons les vérifications. Je dois aussi rappeler que les autorités ont mis en place une commission qui travaille sur ces questions-là . Et également les autorités judiciaires qui font le suivi des dossiers et les enquêtes sont en train d’être préparées », explique Abdul Aziz Thioye, le directeur du Bureau de l’ONU aux droits de l’homme en RDC.
Le différend foncier qui oppose Hema et Lendu en Ituri est l’un des nombreux conflits qui ensanglante l’est de la RD Congo. En 1999, il avait dégénéré en massacres entre les deux communautés, qui disposaient alors chacune d’une branche armée. Les combats avaient fait plus de 60 000 morts et 600 000 déplacés, selon Human Rights Watch, entraînant en 2003, l’intervention de la force européenne Artemis, qui avait mis fin aux attaques.
Les violences ont repris fin 2017. D’après l’Unicef, 76 personnes ont été tuées à l’arme blanche depuis décembre, plus de 70 villages ont été incendiés. Quelques 200 000 personnes ont fui les affrontements, selon des sources humanitaires, dans un pays qui compte déjà plus de quatre millions de déplacés.
Plus de 28 000 Congolais, en majorité des femmes et des enfants, ont ainsi traversé le lac Albert pour se réfugier en Ouganda.
Par Yvette Ikombo