Plusieurs ONG argentines appellent les autorités congolaises à renoncer à l’usage de machines à voter pour le scrutin de décembre. La commission électorale, la Céni, affirme que ce système semi-électronique, fabriqué en Corée du Sud, est indispensable à l’organisation de l’élection dans les temps.
La Céni congolaise a passé un contrat avec la société privée sud-coréenne Miru Systme pour l’achat de ces “machines à voter” qui doivent selon la Céni réduire le coût et la logistique des élections du 23 décembre (moins de bulletins de vote). Il s’agit en fait de “machines à choisir la photo des candidats sur un écran tactile et à imprimer les bulletins” qui doivent être glissés dans l’urne, ont constaté les journalistes lors d’une démonstration en février.
Ceci intervient aprés que la commission électorale coréenne avait publiquement déclaré qu’elle n’apportait aucun “soutien officiel” ni aucune “garantie” à son homologue congolaise qui veut utiliser des “machines à voter” de fabrication coréenne pour les élections cruciales du 23 décembre en République démocratique du Congo.
La commission électorale de la République de Corée du sud (Nec) avait notifié à la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de la République démocratique du Congo (…) qu’elle n’a apporté ni n’apportera aucun soutien officiel ni aucune garantie au projet d’introduire un système de vote par écran tactile (TVS) pour l’élection présidentielle en RDC prévue en décembre 2018.
En 2016, le gouvernement argentin présente un ambitieux projet de réforme électorale. Le président de centre-droit tout juste élu, Mauricio Macri, affirme vouloir simplifier, moderniser et rendre plus transparent le système politique. Parmi les changements envisagés : la mise en place de machines à voter.
Au départ, le consensus est large sur cette question : les bulletins papier font régulièrement l’objet de fraudes. Le gouvernement commence alors à contacter une entreprise sud-coréenne, Miru Systems, pour la fabrication de ces machines. Mais rapidement, certains experts en informatique tirent la sonnette d’alarme. Comme Javier Smaldone, spécialiste des systèmes de vote électronique :
« Tous les systèmes de vote électronique ont un problème en commun : quand l’électeur utilise une machine, rien ne lui garantit le secret de son vote. Il ne peut pas s’assurer que cet ordinateur ne permet à personne de l’observer. Car il est bien possible de pirater ces machines, simplement en utilisant un ordinateur et un poste de radio. L’électeur peut donc céder à des pressions », assure l’expert.
Face à ces critiques, les sénateurs argentins finissent par retirer les machines à voter de la réforme électorale. Quant aux quelques 100 000 appareils que le gouvernement comptait acheter à Miru Systems, les experts estiment qu’il s’agit des mêmes qui pourraient être utilisées en République démocratique du Congo.
Des diplomates, dont des officiels des États-Unis, tout comme de nombreuses personnes en RDC expriment de sérieuses inquiétudes à propos de l’introduction obligatoire (de ces machines) en RDC malgré la situation politique instable et un environnement vulnérable, dont de faibles infrastructures électriques et l’état des routes, le fort taux illettrisme et le climat tropical qui peut conduire à un mauvais fonctionnement des machines.
L’opposition congolaise parle de “machines à tricher”. Le Groupe d’études sur le Congo (Gec) de l’Université de New York a estimé lundi que les électeurs en zone rurale peu familiers avec les nouvelles technologies et les écrans tactiles auront du mal à se servir des machines à voter.
Au total plus de 40 millions d’électeurs sont inscrits pour désigner le successeur du président Joseph Kabila en décembre deux ans après la fin officielle de son mandat, dans un pays immense (2,3 millions de km2) qui n’a jamais connu de transition pacifique du pouvoir.
Afrique Diplo