En République démocratique du Congo (RDC), les sept poids lourds du secteur minier estiment que la Fédération des entreprises du Congo (FEC) ne défend pas suffisamment leurs intérêts et ont donc décidé de la quitter. Cette annonce par voie de communiqué et à effet immédiat intervient alors que la RDC vient d’adopter une nouvelle loi minière bien moins avantageuse pour les entreprises qui opèrent dans le secteur.
Ces sept entreprises produisent 85 % du cuivre, du cobalt et de l’or de la République démocratique du Congo (RDC). Quitter la Fédération des entreprises du Congo (FEC) consiste d’abord pour elles à exprimer leur colère, notamment que l’organisation patronale n’ait pas mieux défendu leurs intérêts au cours des négociations avec les autorités sur la nouvelle loi minière.
La FEC est présidée par l’un des partisans du nouveau code minier, Albert Yuma, par ailleurs numéro un de la société minière publique Générale des carrières et des mines (Gécamines).
“Une application au cas par cas de la nouvelle loi risque d’ouvrir la porte à des accords corrompus de la part de sociétés sans scrupule qui cherchent un traitement préférentiel”, a prévenu dès lundi l’ONG britannique Global Witness.
En juillet, Global Witness avait qualifié le secteur minier congolais de “distributeur automatique de billets” pour le régime de Joseph Kabila.
En quittant la FEC, les entreprises minières tentent aussi une nouvelle fois d’envoyer un message : la nécessité, selon elles, de renégocier certains aspects de cette nouvelle loi. Le texte prévoit en effet une hausse des redevances de 2 % à 3,5 % sur les minerais classiques et jusqu’à 10 % sur les minerais stratégiques comme le cobalt.
Ces négociations autour du nouveau texte, supposé augmenter les taxes sur le cuivre et le cobalt au bénéfice de l’Etat et des citoyens congolais, peut au contraire favoriser la corruption, s’est cependant inquiété l’ONG Global Witness.
“Comme convenu avec le président (Kabila) (…) des propositions concernant le code minier ont été remises au ministre des mines. Les compagnies attendent désormais un rendez-vous avec le ministre des mines” Martin Kwabelulu, écrivent-elles dans un communiqué.
Le président Kabila a promulgué un nouveau code minier le 9 mars, malgré le lobbying des sociétés minières contre la hausse des taxes et la fin d’une clause de stabilité des contrats d’une durée de dix ans.
Le président Kabila avait promis aux miniers “un dialogue constructif avec le gouvernement après la promulgation de la nouvelle loi minière en vue de trouver un terrain d’entente”, en les recevant le 7 mars.
Par Yvette Ikombo