
L'aide humanitaire des ONG á portée internationale est sans doute l'une des plus belles idées de notre temps. Pourtant, dans le même temps, la RDC s'est considérablement appauvrie et la croissance y est demeurée extrêmement faible.
La perfusion continue de l'aide internationale produit en fait un certain nombre d'effets pervers en RDC. Elle alimente la corruption et empêche le développement d'un tissu économique prospère.
Elle est aujourd'hui mise en cause car cette politique de transferts massifs n'est devenue qu'un facteur d'érosion des structures économiques et politiques déjà fragiles du pays. L'aide humanitaire alimente la corruption et l'insécurité :
La Corruption
La RDC est classée à la 166è place sur 180 pays dans le classement de Transparence international. La RDC est devenu « proto-État », c'est-à-dire tronqué et rudimentaire ; l'ethnicité congénitale le corrode ; la corruption est chronique et pathogène. L'État est « approprié » par ses détenteurs, il est « privatisé » : chaque titulaire d'une parcelle d'autorité publique l'accapare à son profit et à celui de son réseau. La logique de la rente l'a emporté.
L'économie naissante de la RDC a besoin d'institutions fortes, de services publics efficaces et d'un gouvernement responsable. Les jeunes congolais ont besoin de travailler et de croire en l'avenir de leur pays. L'aide a montré qu'elle est incapable de satisfaire ces objectifs. Au contraire, elle encourage seulement les gouvernements de la RDC à décrocher le téléphone et demander plus d'aide, éloignant ainsi chaque jour davantage le peuple congolais de la sphère de la production.
L'Insécurité
La RDC se caractérise par son instabilité. Depuis 1996, la guerre civile á l'est du pays a fait plus de Six millions de morts et les femmes sont violées quotidiennement par les M23 et les FARDC au Nord Kivu, Goma, en complicité avec les ONG internationales.
Le cas de Madame ” Ruth Franz Malu” , journaliste du journal Hebdomadaire ”Le Grand Témoin' interpelle la conscience des autorités congolaises mais aussi de tout un peuple.
Alors qu'elle enquêtait de possible lien entre le support militaire de M23 et l'ONG Américaine ”Mercy Corps”, basée á Goma, elle a été prise en embuscade par les M23, abusée mentalement, sexuellement et moralement pendant plus de 2 mois. Son cauchemar ne s'arrête pas là. Récupérée par les FARDC, elle a subi le même sort par des hauts gradés de l'armée. Les autorités militaires congolaises la menacent de mort et la forcent dans l'omerta.
Les conflits et les problèmes de sécurité ont encore affaibli les institutions et sapé la capacité de l'État à réagir de manière décisive à la corruption/abus des droits de l'homme. Des Journalistes, des militants de l'opposition ont été intimidés, calomniés ou arrêtés, parfois sous prétexte de répression anti-corruption ou rhétorique anti-patriotique contre les FARDC et rendus possibles par des systèmes judiciaires fortement politisés.
Ceci est bien évident dans le cas précité. La liberté de presse/expression de la Journaliste Reporter ”Ruth Franz Malu” d'enquêter et dévoiler l'opacité de nos dépenses militaires, ainsi que le lien d'un support militaire étranger aux M23, a été battue en brèche au nom de la corruption et de l'autoritarisme.
Le gouvernement Congolais continue de pretexter la guerre civile á l'Est avec le M23 et les abus des droits de l'homme des FARDC envers la population de l'Est, les journalistes et opposants, comme un aveuglement aux atteintes des libertés de presse, d'expression, et celle de manifester contre ces abus.
La complaisance dans la lutte contre la corruption/justice ou abus des droits de l'homme exacerbe les atteintes aux droits de l'homme et sape la démocratie, l'état de droit, ce qui débouche sur une spirale infernale.
Au fur et á mesure que les droits et libertés civiles s'amenuisent et que la démocratie s'affaiblit, l'autoritarisme s'installe, entrainant des niveaux plus élevés de la corruption et de l'injustice, ce qui conduit á un déclin encore plus marqué.
Par Julien Clerc
AfriqueDiplo