Le président nigérian Ahmed Bola Tinubu exige la fin des manifestations meurtrières. Les manifestants revendiquent des réformes plus rapides et une action du gouvernement pour atténuer les difficultés liées au cout de la vie.
L’intervention du président Ahmed Bola Tinubu était attendue bien avant le début des manifestations. Il a choisi de parler au quatrième jour des manifestations prévues pour dix jours. Il n’a pas indiqué s’il reviendra sur sa politique, de supprimer les subventions sur le carburant l’une des principales revendications des manifestants ou à mettre fin à l’ancrage de la monnaie locale au dollar.
Les manifestations contre la mauvaise gouvernance reprennent au Nigeria, malgré l’appel au calme du président Bola Ahmed Tinubu, soulignant un mécontentement persistant.
Après une brève pause ce dimanche, les manifestations pour mettre fin à la mauvaise gouvernance reprennent de plus belle au Nigeria. Ce lundi, des milliers de Nigérians descendent à nouveau dans les rues pour exprimer leur mécontentement face à la situation économique et politique du pays. Malgré l’appel au dialogue lancé par le président Bola Ahmed Tinubu, la réaction des citoyens et des leaders d’opinion est unanime : le discours du président n’a pas convaincu.
Dans un post sur X, la leader du mouvement Bring Back Our Girls, Oby Ezekwesili, a qualifié le discours de Tinubu de « monumentale occasion manquée » pour apaiser la population avec des solutions concrètes. L’ancien vice-président Atiku Abubakar a également critiqué le président, affirmant que Tinubu néglige les difficultés économiques qui pèsent sur les familles nigérianes depuis le début de son mandat.
Debo Ologunagba, porte-parole du principal parti d’opposition, le PDP, a dénoncé l’absence de mesures immédiates pour réduire le prix du carburant, un enjeu crucial pour de nombreux Nigérians. L’avocat et défenseur des droits de l’homme, Femi Falana, a regretté l’incapacité du président à condamner les brutalités des forces de sécurité lors des manifestations.
Le prix Nobel de littérature, Wole Soyinka, pourtant proche de Bola Ahmed Tinubu, a eu des mots particulièrement sévères pour le président. Selon lui, « tirer à balles réelles sur des manifestants pacifiques qui déplorent la faim symbolise une régression inquiétante », une situation qui, selon Soyinka, pourrait précéder une révolution.
Du côté de la majorité, aucune voix majeure ne s’est manifestée pour soutenir le discours du président, laissant Tinubu isolé face à une opposition croissante et déterminée.
Au pouvoir depuis mai 2023, le president Tinubu a défendu ses réformes économiques, qui incluent la suppression des subventions sur le carburant et l’électricité et la dévaluation du naira, comme étant nécessaires pour mettre fin à des années de mauvaise gestion économique.
La police nigériane a déclaré avoir arrêté près de 700 personnes au cours des deux premiers jours des manifestations, les accusant de vol à main armée, incendie criminel et de destruction de biens.
Le mécontentement populaire est alimenté par une situation économique de plus en plus précaire. L’inflation galopante, la hausse des prix du carburant et des denrées alimentaires, ainsi que le taux de chômage élevé, exacerbent le désespoir et la colère des Nigérians. Les appels au dialogue et aux réformes de Tinubu semblent déconnectés des réalités quotidiennes des citoyens.
Les manifestations en cours pourraient marquer un tournant dans l’histoire récente du Nigeria. Avec un président de plus en plus critiqué et une population déterminée à obtenir des changements concrets, la situation pourrait rapidement dégénérer. Les analystes craignent que la répression des manifestations par les forces de sécurité n’entraîne une spirale de violence difficile à contrôler.
La Rédaction