
Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a qualifié lundi de « tapage injustifié » les critiques d’ONG sur la détention de 26 militants de la société civile dans son pays
« Je voudrais vous rassurer Madame, sachez que le Niger est un pays démocratique » et « un Etat de droit », a-t-il lancé à la journaliste de RFI qui l’interrogeait lors d’un point de presse à l’Elysée à l’issue d’une rencontre avec le président français Emmanuel Macron.
M. Issoufou a ensuite dénoncé le « tapage injustifié » qui est fait selon lui sur la situation de ces militants, et estimé que RFI passait « sous silence » nombre de « réalisations » de son gouvernement au Niger. « RFI, s’il vous plaît, ne faites pas deux poids deux mesures, traitez l’information de manière objective; on vous demande pas de nous soutenir, on vous demande pas de nous enfoncer ».
Fin mai, dix réseaux d’ONG internationales – dont Amnesty International et Oxfam – ont demandé au Niger la libération et l’abandon des poursuites contre 26 militants, dont des figures de la société civile, détenus depuis mars après une manifestation interdite qui avait dégénéré à Niamey.
Ces manifestants voulaient protester contre la loi de finances 2018 qu’ils jugent « antisociale ». Le 11 mai, leurs avocats avaient annoncé avoir déposé « une plainte contre X pour détention arbitraire » de leurs clients.
Lundi, M. Issoufou a affirmé que le Niger garantissait « toutes les libertés, y compris les libertés de manifestation ».
Selon lui, ces militants ont pu manifester « à plusieurs reprises » pendant l’année 2018 lors de rassemblements « autorisés ». « Mais il est arrivé un moment où ces responsables de la société civile ont souhaité organiser des marches à minuit; on ne peut pas autoriser des marches à minuit parce que nous ne pouvons pas garantir la sécurité (…) à minuit à Niamey dans le contexte sécuritaire » actuel.
« Les responsables de la société civile ont décidé de passer outre » cette interdiction, et « nous avons appliqué la loi », a-t-il poursuivi, estimant que « la même chose aurait été faite à Paris, Washington, Rome, Berlin, Londres ».
Interrogé sur ce sujet, M. Macron a de son côté salué l’engagement du président Issoufou « pour les droits fondamentaux », notamment les droits des femmes et des jeunes filles, et « l’esprit de responsabilité qui est le sien (…) sur les sujets d’alternance démocratique ».
Je suis attaché au respect mutuel (…) je n’ai pas de leçons à donner », a notamment ajouté M. Macron.
Le président nigérien s’est en outre dit être un « démocrate convaincu ». « En 2021, je m’en vais c’est mon dernier mandat », a-t-il martelé. M. Issoufou a été réélu en 2016 pour un deuxième et dernier quinquennat.
Afrique Diplo