Entre le Bénin et le Niger, la tension est vive, depuis le coup d’État du 26 juillet 2023. Malgré toutes les tentatives du Bénin pour normaliser les relations avec son voisin, après la levée des sanctions de la CEDEAO, le Niger campe sur sa position obligeant les autorités béninoises à prendre des mesures radicales.Â
Arès la sortie médiatique du président béninois Patrice Talon, appelant son homologue nigérien à rouvrir leur frontière commune, si Niamey veut exporter son pétrole depuis le port béninois de Sèmè Kpodji, la partie nigérienne a réagi par le truchement de son Premier ministre.
Le Premier ministre nigérien était devant la presse, pour se prononcer sur la tension entre son pays et le Bénin. Ali Mahaman Lamine Zeine a expliqué que la frontière du Niger avec le Bénin est restée fermée pour des « raisons simples de sécurité ».
]« Nous avons souverainement décidé de garder notre frontière fermée avec le Bénin », car « sur le territoire du Bénin, il y a des bases françaises », a indiqué l’officiel nigérien ajoutant que « sur certaines d’entre elles, on entraîne des terroristes qui doivent venir déstabiliser notre pays ».Â
La question de l’existence ou non d’une base militaire française avait été tranchée, en décembre dernier, à l’occasion d’une conférence de presse commune tenue par le chef d’état-major des armées béninoises, le général Fructueux Gbaguidi, et son homologue français, le général Thierry Burkhard, alors en visite au Bénin.
Pour les deux hauts responsables militaires, il n’existe pas de base militaire française permanente au Bénin. Ce pays n’a jamais formulé une telle demande, la France non plus d’ailleurs. Il n’existe que des missions ponctuelles entrant dans le cadre normal de la coopération militaire entre les deux pays.
Mais, le Niger semble attendre d’autres garanties avant de rouvrir sa frontière. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de son Premier ministre qui a dit que le pays est « prêt à rouvrir » sa frontière avec le Bénin lorsqu’ils auront « la certitude » que leur « territoire est en sécurité ».
Au cours de son intervention, le Premier ministre nigérien a évoqué une dizaine d’accords conclus entre le Bénin, le Niger et la Chine au sujet du transport du pétrole nigérien. Il accuse le Bénin de les avoir violés en décidant d’empêcher l’exportation du brut convoyé depuis le Niger.
En dépit de la tension actuelle, la situation ne semble pas totalement désespérée, puisque Ali Mahaman Lamine Zeine a laissé entendre, au cours de la conférence de presse, que le Niger a demandé à « la partie chinoise » de prendre langue avec les autorités béninoises.
Même si la Chine, un des acteurs clés de ce projet, doit jouer la médiatrice, le Bénin souhaite une normalisation des échanges avec le Niger. Lesquels échanges ont pris une allure informelle, depuis quelques mois, à en croire le Président Patrice Talon.
Pour rappel, c’est le lundi 6 mai que le Bénin a pris la décision d’empêcher l’accès à ses eaux territoriales aux navires devant embarquer le pétrole nigérien à partir de la station terminale de l’oléoduc Niger-Bénin à Sèmè-Kpodji.
Une décision en réaction à l’attitude des autorités nigériennes restées fermées à toutes les initiatives béninoises pour un retour à une coopération normale depuis la levée, fin février, des sanctions prises par la CEDEAO contre le pays au lendemain du renversement du Président Mohamed Bazoum.
AFP