
Deux fonctionnaires et un intermédiaire ont été arrêtés “en flagrant délit” de corruption, a annoncé le ministère public marocain, deux jours après le lancement d'un numéro vert visant à dénoncer des actes de corruption au Maroc.
Les suspects ont été placés en garde à vue à la disposition de l'enquête, a précisé un porte-parole du parquet qui a mis en place ce numéro vert garantissant l'anonymat des dénonciateurs.
Géré par “cinq juges”, ce numéro gratuit a reçu 355 appels depuis son lancement, a ajouté cette source.
Il s'agit du deuxième numéro vert anticorruption lancé au royaume, où les annonces d'arrestations et de condamnations pour corruption sont de plus en plus récurrentes.
Le pays s'est également doté d'une “stratégie nationale” de lutte contre la corruption, mais “continue de souffrir d'une corruption systémique”, selon un rapport de Transparency. Le secteur judiciaire est le premier pointé du doigt, devant la police et les hôpitaux, d'après cette étude de 2016.
Entre 2014 et 2015, près d'un Marocain sur deux (48%) aurait donné au moins une fois un ”bakchich” en échange d'un service public, selon un rapport de l'ONG Transparency Maroc.
En 2015, avant que l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC) ne se retrouve en sommeil -faute de prorogation du mandat de ses membres-, son président Abdeslam Aboudrar avait fustigé un “fléau qui nuit gravement à l'économie”.
Malgré les programmes annoncés à grand renfort de publicité, le royaume “continue de souffrir d'une corruption systémique”, selon un récent communiqué de Transparency Maroc. Le Maroc a ainsi été classé 90e sur 176 pays dans le dernier indice mondial sur la perception de la corruption, établi par cette ONG.
Le pays s'est pourtant doté de différents cadres de lutte. Le roi Mohammed VI a plusieurs fois souhaité que la loi “s'applique à tous”, et les islamistes du Parti justice et développement (PJD), à la tête du gouvernement depuis 2011, ont dit vouloir faire de la lutte anticorruption un cheval de bataille.
Prévue par la Constitution de 2011 avec des pouvoirs étendus, la Commission nationale contre la corruption a finalement été créée en octobre 2017. Mais ses membres, parmi lesquels devaient figurer des représentants de la société civile et notamment de Transparency, n'ont toujours pas été nommés.
De fait, les moyens du dispositif sont plutôt limités: cinq magistrats assistés de cinq fonctionnaires répondent directement aux appels depuis le ministère de la Justice, tout en travaillant sur d'autres dossiers.
Le service doit être “amélioré” en 2018, grâce à un centre d'appel indépendant: “les travaux vont commencer”, assure Hicham Mellati, en précisant que 16 fonctionnaires spécialement formés prépareront les dossiers des plaignants avec un protocole en trois langues -arabe, amazigh et français-.
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