Les autorités marocaines ont lancé mardi un avertissement aux manifestants de Jerada (nord-est), agitée par un mouvement de protestation depuis fin décembre, se disant prêtes à “des réponses fermes face aux agissements et comportements irresponsables”.
“Le ministère de l’Intérieur (…) souligne son droit d’appliquer la loi dans la ville de Jerada, par l’interdiction des manifestations illégales sur la voie publique et par des réponses fermes face aux agissements et comportements irresponsables”, déclare un communiqué officiel.
La mort accidentelle, fin décembre, de deux mineurs dans un puits désaffecté de charbon, suivi depuis de deux autres décès accidentels, a mobilisé la population de cette ville sinistrée depuis la fermeture de ses mines à la fin des années 1990.
Des grandes manifestations pacifiques, avec des nuées de drapeaux marocains, se sont succédé pour demander des “alternatives économiques” à la seule activité locale, l’extraction clandestine de charbon dans les “mines de la mort”.
Un plan d’action économique proposé par le gouvernement avait permis une accalmie mais fin février, des manifestants étaient redescendus dans la rue pour demander des “réponses concrètes”.
Soulignant “les efforts déployés par le gouvernement” pour répondre aux revendications de la population, le ministère de l’Intérieur affirme dans le même communiqué que “certaines parties s’obstinent à décrédibiliser ces efforts”, en “incitant la population de manière continue à manifester”.
La tension est remontée ces derniers jours avec l’arrestation de quatre jeunes militants, samedi et dimanche, qui a été suivie par une grève générale, une marche et de grandes manifestations pour demander leur libération.
Les autorités assurent pour leur part que ces arrestations n’ont rien à voir avec le mouvement social mais sont liés pour trois des cas à un accident “en état d’ébriété” avec délit de fuite et pour le dernier à une “violation d’établissement public” avec dégâts matériels.
Le Maroc a été agité l’an passé par un autre mouvement de protestation, dans la région voisine du Rif (nord), avec des revendications comme la création d’emplois et le développement de cette région.
Les autorités y ont arrêté plus de 450 personnes avec une “approche sécuritaire” de la crise largement critiquée par les associations des droits de l’Homme. Les leaders du mouvement sont actuellement jugés à Casablanca.
AFP