
A Madagascar, la tension reste vive, suite à la répression des manifestations de l’opposition par le pouvoir.
Un bras de fer semble se dessiner sur l‘île malgache. D’un côté l’opposition qui réclame le départ du président Hery Rajaonarimampianina, et de l’autre le pouvoir qui dénonce un coup d‘État. Mercredi, des sources ont révélé la tenue d’une réunion entre les différents protagonistes.
Cependant aucune précision sur la teneur de ce débat. Dans le même temps, des députés de l’opposition ont déposé une requête devant la haute cour de justice pour exiger le départ sans délai du président. Des manifestations qui se déroulent chaque jour depuis samedi ont fait deux morts selon des sources non-officielles.
Pour l’opposition, le président a violé la constitution qui prévoyait la mise en place d’une nouvelle haute cour de justice, douze mois après son investiture. À quelques mois des élections présidentielles et législatives, les partis de l’opposition dénoncent par ailleurs, des lois électorales favorables au gouvernement.
Et dans le cas d’espèce, l’opposition veut visiblement la tête du président Hery Rajaonarimampianina et ne s’en cache pas, puisque, dit-elle, si elle n’obtient pas gain de cause, elle compte manifester jusqu’à la démission du chef de l’Etat. Aussi, sa persistance à ne pas désarmer malgré la fermeté du pouvoir, si elle ne semble pas traduire une volonté affichée de pousser le chef de l’Etat à l’erreur, paraît, pour le moins, le signe d’une détermination inébranlable à ne pas faire de quartier au pouvoir, quoi que cela puisse lui en coûter.
Et en multipliant les manifestations, elle compte visiblement mettre la pression sur le pouvoir à l’effet de l’amener à lâcher du lest. A défaut, ce sera toujours cela de gagné, d’avoir montré à la face du monde le visage répressif d’un pouvoir qui se dit démocratique, mais qui manque visiblement de sang froid face aux revendications d’une opposition plus que jamais en ordre de bataille. C’est pourquoi l’on est porté à se demander si le président Hery saura éviter de tomber dans le piège de l’opposition. Rien n’est moins sûr !
En tout cas, à en juger par le ton choisi pour lancer « un avertissement aux fauteurs de troubles, aux provocateurs, qui n’ont pour but que de faire couler le sang », il y a lieu de croire de le président Hery est dans la logique de ne pas se laisser impressionner, encore moins de faire des concessions à ses adversaires. Or, une telle attitude peut être potentiellement dangereuse pour la paix sociale. Surtout que l’opposition, de son côté, semble camper sur sa position. Car, en choisissant de faire dans la fermeté, le pouvoir ne se donne pas d’autre alternative que le choix de la force pour espérer venir à bout de la résistance de l’opposition.
Quoi qu’il en soit, il y a des signes qui ne trompent pas. Sont de ceux-là, ce manque criard de sérénité dont a fait montre le président Hery qui n’est pas passé par quatre chemins pour qualifier la manif du week-end dernier, de coup d’Etat. A moins que ce ne soit un prétexte pour ne pas se fixer de limites dans la répression des manifestations.
Dans tous les cas, cela n’est pas de bon augure car, si l’on n’y prend garde, les choses risquent de se corser davantage, si elles n’évoluent pas rapidement de Charybde en Scylla, avec les conséquences désastreuses qui accompagnent généralement de telles crises politiques.
Par Mamie Bisse